Volkswagen, Nissan et la lutte pour les droits syndicaux
Les ouvriers de Volkswagen à Chattanooga, dans le Tennessee, vont-ils enfin bénéficier d’une représentation syndicale officielle? Dans cette région des Etats-Unis réputée hostile aux syndicats, ce serait la première usine à reconnaître officiellement le droit de ses ouvriers à se syndiquer et à bénéficier d’un dialogue social organisé. Une avancée sociale conquise de haute lutte par les syndicats américains, avec le soutien actif de leurs homologues allemands. Dans les usines américaines de Renault-Nissan, en revanche, les droits syndicaux les plus basiques ne semblent pas encore à l’ordre du jour.
La création d’un comité d’entreprise à l’européenne à Chattanooga a été obtenue malgré de fortes pressions politiques des dirigeants de l’Etat et des lobbies économiques américains. Cécile Fandos revient sur les événements récents pour le site Equal Times. Au début de l’année, le syndicat United Automobile Workers (UAW) avait perdu un premier vote sur la création d’une section syndicale dans l’usine, par 712 voix contre 626. Mais finalement, l’influence des syndicats allemands, qui «cogèrent» le groupe Volkswagen, aura été prépondérante:
Cécile Fandos écrit1 value="1">Lire l’article en entier: «Vers un comité d’entreprise ‘à l’européenne’ aux Etats-Unis?», www.equaltimes.org: «Le président du comité d’entreprise mondial de Volkswagen, Bernd Osterloh, membre du puissant syndicat allemand de l’automobile et de la métallurgie IG Metall, a estimé pour sa part que la production du nouveau modèle risquait d’être attribuée à l’usine de Volkswagen au Mexique si les élus du Tennessee ne cessaient pas de s’immiscer dans le débat interne à l’entreprise. ‘La cogestion est un facteur central de notre succès’, déclarait-il au quotidien économique allemand Handelsblatt dans une interview largement reprise par les médias américains il y a un an.
«Et même si la filiale américaine de Volkswagen se garde bien de commenter la création d’une section syndicale pour les salariés de l’usine de Chattanooga – ‘cela concerne le syndicat en question’, nous dit-on –, l’entreprise semble décidée à remédier à l’absence de comité d’entreprise.
«Dans la foulée de la création d’une section syndicale pour les salariés de l’entreprise dans le Tennessee par l’UAW, le Volkswagen Group of America a annoncé, mi-juillet, que le site de production choisi pour assembler le véhicule utilitaire sportif destiné au marché américain était bien Chattanooga.
«Et dans ce même communiqué, Volkswagen annonçait la nomination d’Osterloh au conseil d’administration de la filiale.»
Derrière Volkswagen, Nissan et bien d’autres. On rappellera que Nissan, constructeur automobile sous le contrôle de Renault (et dirigé par le même PDG, Carlos Ghosn), exploite elle aussi trois usines automobiles dans les Etats du Tennessee et du Mississippi. La direction de ces usines s’oppose aux efforts des syndicats américains pour officialiser la représentation des salariés et instaurer un minimum de dialogue social organisé dans ces usines.
La situation semble particulièrement tendue2 value="2">Cf. «Nissan refuse à ses salariés le droit de se syndiquer», www.industriall-union.org/fr dans l’usine de Canton, dans le Mississippi. «Nissan, et son partenaire de l’Alliance Renault, travaille avec des syndicats partout dans le monde, mais le comportement de l’entreprise est très différent aux Etats-Unis», déclarait à ce propos Jyrki Raina, le secrétaire général de la Confédération syndicale internationale IndustriALL3 value="3">L’UAW et IndustriALL ont récemment saisi le «point de contact national» chargé de veiller à l’application des «principes directeurs de l’OCDE sur entreprises et droits humains» aux Etats-Unis. Cf. «UAW et IndustriALL avertissent l’OCDE d’infractions aux droits chez Nissan aux Etats-Unis», www.industriall-union.org/fr.
La production automobile américaine était historiquement localisée autour de Detroit, dans les usines de Ford, General Motors et Chrysler, dont la main-d’œuvre était fortement syndiquée. A partir des années 1980, les constructeurs japonais, puis européens ont commencé à implanter des usines dans les Etats du Sud, qui leur offraient des conditions beaucoup plus «souples» en termes de droits sociaux, et notamment la garantie d’une absence de représentation syndicale.
L’hostilité d’une partie de la population aux syndicats provient en partie de l’impression que ce sont ces concessions qui ont permis de créer des emplois dans des régions économiquement sinistrées.
Les récents développements à l’usine Volkswagen de Chattanooga constitueraient le premier exemple de reconnaissance officielle des droits syndicaux des ouvriers automobiles dans un Etat du Sud. A Renault-Nissan de prendre la suite?
Notes