Le capital, cancer de notre société
Toujours plus détaché de la production et des hommes, le capital se multiplie, s’accumule et impose ses règles à un monde qu’il détruit peu à peu. Se présentant comme LA richesse, il inverse toute l’échelle des valeurs de notre civilisation. C’est ainsi que le travail – pourtant à la base de toute réalisation et de toute satisfaction de besoins – devient un coût presque insupportable, et que la nature – à qui nous devons tout – se transforme en un simple magasin à matières premières exploitables. Dans ce cadre, les mathématiciens sont employés par les fonds spéculatifs, et cent paysans ne valent pas un trader!
La recherche permanente du profit affecte progressivement tous les organes de notre société: pillage et destruction de notre environnement naturel, privatisation des biens communs et disparition des services publics, marchandisation du travail et des êtres humains, corruption généralisée, exclusion de millions d’individus. Des bras travailleurs au cœur du peuple en passant par les cerveaux décideurs, tout y passe.
Les rebouteux capitalistes nous présentent cette tumeur comme partie intégrante de notre corps social moderne. Vaste enfumage! En réalité, le capital – véritable Veau d’Or – est un parasite de l’activité humaine vampirisant la richesse issue du travail et empêchant la mise en œuvre de celui-ci lorsqu’il lui est impossible d’en tirer profit. Plaie du monde moderne, il perpétue la précarité, la corruption et l’exclusion alors que la formidable productivité du travail qui s’est développée au cours de l’histoire rendrait possible par une coopération généralisée une vie digne pour tous. Notons que ce n’est pas le travail qui est rare, mais sa mise en œuvre – chacun disposant de facultés de faire et ne demandant rien d’autre que de pouvoir les appliquer dans un but socialement utile, facteur d’une appréciable reconnaissance sociale et économique, et cela alors que les besoins humains et liés à notre environnement sont légion!
La secte au pouvoir presque partout prétend que c’est grâce au capital que cette productivité s’est développée et que les gens vont au boulot le matin. Ce faisant, elle occulte le fait que l’immense majorité des inventions et découvertes, tout comme l’énergie mise par les travailleurs ou les familles pour élever leurs enfants, trouvent leur motivation dans une démarche intellectuelle ou spirituelle et surtout dans la volonté féroce de sortir de la précarité. Si les travailleurs accomplissent effectivement régulièrement leur travail (quand ils en ont un, ce qui est de plus en plus rare), c’est plutôt malgré la logique du capital!
Allons-nous donc continuer longtemps à laisser cette masse informe et nocive nous faire souffrir? Le traitement existe, radical: c’est la socialisation de l’économie, c’est une démocratie conséquente et participative incluant les choix de production, c’est la coopération érigée en modèle pour mettre en œuvre les facultés de tous dans l’intérêt de tous.
* Politologue, cofondateur du Mouvement vers la révolution citoyenne (MvRC).