«Non, nous n’avons pas voté la grève»
Le Courrier du 30 novembre titre «L’assemblée du personnel de la fonction publique vote la grève». Ecrire cela, c’est relayer une escroquerie! J’étais à cette assemblée et nous sommes nombreux à pouvoir témoigner qu’il n’y a pas eu de vote. Nombreux… parmi les quelque 60 personnes en tout qui étaient là.
Il y a eu des interventions pour signaler que face au constat du peu de mobilisation, une grève n’était pas une bonne idée. Cela ne signifie pas que ces personnes pensent que tout va bien – ceux qui le pensent ne viennent pas aux assemblées du Cartel. Il y a eu des interventions pour dire que, malgré le peu de monde présent, il fallait tout de même faire la grève.
En fin de réunion, au moment où on aurait pu penser que le temps était venu de voter la grève ou non, Olivier Baud [président du Cartel intersyndical du personnel de l’Etat, ndlr] a osé faire voter des amendements à la résolution qui accompagne la déclaration de grève sans faire voter la grève elle-même! L’argument était que, l’ayant annoncée, le bureau du Cartel perdrait sa crédibilité.
Non, nous n’avons pas voté la grève. La fonction publique est prise en otage par le bureau du Cartel intersyndical. Il faut se résoudre à le dire haut et fort: il y en a assez de ce Conseil d’Etat qui méprise la fonction publique censée appliquer sa politique. Mais il y en a aussi assez de ce Cartel qui ne représente plus personne, qui se contrefiche des principes démocratiques et qui préfère un jusqu’auboutisme stupide, ridicule et démagogique: nous ne sommes que 100 aujourd’hui? Qu’importe! Nous serons 2000 dans une semaine! mais par un prompt renfort, nous nous vîmes 3000 en arrivant au port, pendant qu’on y est.
L’attitude et les méthodes des dirigeants du Cartel sont parmi les raisons essentielles de la désaffection de nos collègues pour le militantisme. La grève sera ridiculement peu suivie dans bien des secteurs. Contrairement à ce que disent les membres du Cartel, cela ne signifie pas une perte de crédibilité des fonctionnaires, mais une perte de crédibilité du bureau du Cartel. Perte de crédibilité vis-à-vis du Conseil d’Etat mais aussi perte de crédibilité vis-à-vis de la fonction publique.
Mesdames et Messieurs du Cartel, fichez-nous la paix, fichez-nous le camp. Et dans ce vide, on retrouvera peut-être de nouvelles voix pour nous représenter.
* Enseignant, Genève.