En France, la campagne présidentielle commence. Pierre Cassen et Christine Tasin, islamophobes du site «Riposte laïque», recourent à la politique-fiction, La faute du bobo Jocelyn, présenté comme «un ouvrage agréable à lire et divertissant par ses personnages attachants et les situations imaginées, dont certaines engendreront probablement quelques crises de fou rire inévitables». Le cadre? La victoire de la gauche en 2012 et «les résultats qu’on devine, en matière d’immigration, d’islamisation, d’insécurité, de droit de vote des étrangers, d’Union européenne et de mondialisation»1.
Leur collègue Oskar Freysinger leur suce la roue avec sa propre politique fiction Antifa2. Déplorant qu’«à droite, on ne fait que se justifier tout le temps, on est toujours des salauds, des criminels, des fascistes, je ne sais quoi». Formidable audace, il décide qu’«au lieu de se justifier, nous allons porter le feu dans le camp adverse; je me suis mis dans la peau d’un gauchiste moyen, d’un antifasciste de base». «Les socialistes, faut pas les contredire, vous les laissez parler et tout devient très clair. Les gens qui lisent cela, je pense que si ils votent encore socialiste, c’est que vraiment ils sont irréductibles, ou alors il n’y a plus rien à faire».3
La mièvrerie du propos révèle un de ses trucs favoris. Quoi de plus simple, pour stigmatiser son adversaire, que de fabriquer soi-même la pensée qu’on lui prête?
Ainsi, Oskar Freysinger invente-t-il un complot musulman: «Leur volonté c’est d’islamiser le monde, moi, si j’étais musulman, je ferais comme eux, j’essaierais d’éviter des attentats sur sol européen et j’avancerais au niveau de la démographie, avec la création de sociétés parallèles, et j’occuperais le territoire jusqu’au point de non retour. On ne peut pas leur en vouloir. C’est leur doctrine, leur manière, leur volonté, leur but»4.
En petit comité, Freysinger expose ses techniques de manipulation: «Si vous manipulez les gens par le texte, vous réveillez, dans la personne qui reçoit votre texte parlé ou écrit, des centres de résistance qui vont lui permettre de résister à la manipulation que je suis en train de pratiquer. Parce qu’il va réfléchir –est-ce que les propos de mon interlocuteur sont valables? est-ce qu’ils tiennent la route? est-ce que c’est intelligent ou est-ce que ça ne tient pas la route, c’est incohérent? etc. Donc, en manipulant par le langage, l’autre, je lui donne une chance de résister par le langage, parce que c’est en même temps l’arme et la rétorsion possible. Par contre, avec l’image, c’est pas du tout le cas, je manipule sans que l’autre puisse finalement utiliser un centre de résistance équivalent, parce que je vais tout de suite pénétrer dans ses sentiments, je vais le bombarder par des émotions et il sera relativement démuni»5.
Fa, Antifa? une clé de lecture. Il faut lire Oskar Freysinger, écouter attentivement son explication du pamphlet à paraître: «je me suis mis dans la peau d’un antifasciste de base, les socialistes, faut pas les contredire…», etc.
Il ne faut pas s’arrêter à son mépris hostile mais décoder ses curieuses équations. Antifa égale socialiste, nous dit cet antisocialiste. Et antisocialiste, ça égale quoi? Associer le socialisme et l’antifascisme pour les amalgamer dans un même discrédit est loin d’être insignifiant, c’est ouvrir la voie à une réhabilitation du fascisme!
Freysinger, vice-président de l’UDC? Le cador de l’islamophobie européenne, familier du Vlaams Belang de Filip Dewinter (Belgique), de Geert Wilders (Hollande), star du Bloc Identitaire, de Riposte Laïque et du Front National en France, Oskar Freysinger est populaire en Suisse pour ses coups de gueule et sa dégaine d’animateur de camp de vacances: «Tant de complaisance à se laisser faire est due à quelques personnes prêtes à s’allier au diable au nom d’un dogme globalisateur, à détruire l’identité, les frontières, les autodéfenses –les systèmes immunitaires– des Etats-nations, pour créer une sorte de magma global et détenir un pouvoir démesuré en le chapeautant»6.
Il veut la vice-présidence de l’UDC, lorsque ce parti revendique deux sièges au Conseil fédéral au nom de la concordance démocratique. L’UDC désigne librement ses instances. Mais sa décision ne peut nous laisser indifférent-e-s. Doit-il accéder à la vice-présidence du plus grand parti de Suisse celui pour qui
• «Nous sommes dans une situation d’avant-guerre civile en Europe» où l’avenir de la race blanche serait menacé7;
• un complot mondialiste manipule contre notre civilisation helvético-celtico-judéo-chrétienne les musulmans porteurs d’un dogme totalitaire;
• l’éclatement de l’Union européenne est la condition de la régénération des nations ethniques européennes?