Contrechamp

DANS LA RUE CONTRE L’INÉGALITÉ

14 JUIN • Le 14 juin 1991, un demi-million de femmes, en Suisse, se mettaient en grève pour dénoncer les discriminations de genre et réclamer des mesures. Vingt ans et une loi plus tard, les inégalités entre hommes et femmes persistent sur de nombreux fronts. Journée d’actions aujourd’hui.

Pourquoi organiser des actions le 14 juin 2011? Cent ans après la première Journée internationale des femmes, quarante ans après la naissance du MLF (mouvement de libération des femmes) et l’instauration du droit de vote en Suisse, trente ans après l’article constitutionnel sur l’égalité, vingt ans après la Grève nationale des femmes, quinze ans après la loi sur l’égalité, les femmes gagnent encore et toujours 20% de moins que les hommes et assurent 80% des tâches éducatives et ménagères. Non seulement les inégalités persistent, mais les acquis, arrachés de haute lutte, sont constamment remis en cause. Il a fallu bien des années et des débats pour que la loi suisse introduise l’IVG (interruption volontaire de grossesse), avec le régime du délai, après son acceptation par le peuple le 2 juin 2002. Or une initiative vient d’être lancée, visant à supprimer la prise en charge de l’avortement par l’assurance maladie de base. C’est un retour en arrière insupportable qui, une fois de plus, pénaliserait les femmes les plus vulnérables.

Les projets de révision de l’AVS ont notamment pour objet d’élever l’âge d’accès des femmes, au lieu de baisser celui des hommes, par exemple. Comme elles sont majoritaires à interrompre leur activité professionnelle pour élever les enfants et/ou à travailler à temps partiel, leurs rentes AVS et de prévoyance professionnelle sont très faibles. 11% des Suissesses entre vingt et cinquante-neuf ans sont touchées par la pauvreté. Selon un rapport de l’ONU, au niveau mondial, les femmes accomplissent 66% du travail, gagnent 10% des salaires et possèdent 1% de la propriété.

Les femmes ne sont que 25% au Conseil National et au Conseil des Etats, ce qui situe la Suisse au 31e rang du classement établi le 8 mars de chaque année par l’Union interparlementaire, derrière onze pays européens mais aussi derrière des pays de tous les continents. Ces chiffres restant stables, il faudrait promouvoir la parité dans les instances politiques et juridiques. La Constituante genevoise n’a pas soutenu cette demande, mais elle a aussi supprimé le principe de l’égalité entre femmes et hommes, pourtant reconnu par la Constitution fédérale!

En Suisse, une femme sur cinq est victime de violence conjugale et deux sur cinq subissent des violences verbales ou comportementales au cours de leur vie. Vingt et une femmes en moyenne sont tuées chaque année par leur partenaire. 34% des adolescentes à Genève ont déjà vécu une ou des violences sexuelles. Il faut des affaires touchant des célébrités comme Bertrand Cantat ou DSK pour que cette question dramatique sorte de la banalisation. ­L’enseignement comme la ­publicité sont entachés de stéréotypes sexistes qui freinent l’avènement d’une société égalitaire.

C’est tout cela et bien d’autres discriminations que les femmes dénoncent, année après année, durant la Journée du 8 mars. Mais les discriminations persistent malgré les manifestations, les slogans, les actions, les luttes, les revendications, les mobilisations… La société tolère ces injustices comme elle tolère le scandale de la faim. Pour toutes ces raisons, le 14 juin 2011, nous appelons les femmes et les hommes à une journée d’actions et de revendications sur les lieux de travail, dans la rue, à la maison. Après tant d’années de luttes, l’égalité entre femmes et hommes reste un vœu pieux. Aujourd’hui, nous revendiquons une égalité dans les faits et une société plus juste où il ferait bon vivre. Des actions sont organisées dans toute la Suisse, nous appelons toutes et tous à y participer.

COLLECTIF 14 JUIN 2011
Sous la plume d’Huguette Junod.

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Mobilisations du 14 juin

mercredi 15 juin 2011

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