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Quelle cohésion sociale?

Etienne Rouget réagit à un article sur la désaffection des urnes lors des élections municipales à Genève.
Démocratie

Dans votre article du 22 avril titré «Les urnes ont sonné creux», vous citez un magistrat thônésien qui dit qu’il est «nécessaire de mieux préparer les citoyens et citoyennes de demain, sur les enjeux politiques» et «de casser le mythe que la politique ne sert à rien».

Alors que dans sa commune, «la police municipale distribuerait largement des interdictions de territoire» (Le Courrier, 20.12.2024), il y a de quoi s’interroger sur sa réelle conception politique de la cohésion sociale, qui tend surtout à diviser pour mieux régner, jusqu’à des intimidations voire des chantages.

Si les citoyen·nes se détournent de la politique, n’est-ce pas justement car de plus en plus de politicien·nes se comportent en autocrates dominant·es, usant plus de communication manipulatrice que d’écoute active, quand iels ne suivent pas surtout leurs propres intérêts?

L’évitement du politique (Nina Eliasoph et Camille Hamidi) démontre que la vie associative est «conçue comme un petit havre de paix» par des citoyen·nes qui veulent avant tout «se soucier des gens, mais pas de politique». Cette conception de la société civile est mise à mal par des politicien·nes agressif·ves et conflictuel·les qui, sous prétexte de «cohésion sociale», développent une forme de populisme mêlé d’autoritarisme.

Etant aussi vice-président de la FASe (Fondation pour l’animation socioculturelle), pourquoi ce magistrat ne s’inspire-t-il pas de la «pédagogie des opprimés» de Paulo Freire, de l’éducation populaire, de l’organisation communautaire «par le bas»?
Mais la FASe a elle aussi tourné le dos aux valeurs fondamentales de l’animation socioculturelle: dans son rapport du 3 avril 2023, le Conseil d’Etat reconnait lui-même des «positions divergentes de certaines parties prenantes, en conflit ouvert depuis plusieurs années».

Quand la démocratie représentative fragmente les populations et tue la démocratie participative, baratin et langue de bois font force de loi!

Etienne Rouget,

animateur socioculturel et enseignant en travail social à la retraite, Genève