Des signes d’espoir à ne pas négliger
Syrie. La population d’Alep était tombée à 900 000 habitants pendant la guerre. Aujourd’hui elle en compte plus de 2 millions, soit presque autant qu’avant le conflit. Si ce que déclare votre correspondante dans l’édition du 29 juillet est véridique («il n’y a pas de zone sûre en Syrie»), pourquoi les Syriens sont-ils revenus vivre à Alep? Peut-être qu’il y a pour eux des zones encore moins sécurisantes, comme par exemple, le nord du Liban?
Je reviens d’une visite en Syrie. J’ai pu observer des signes qui ne sont pas négatifs: des jeunes investissent dans des échoppes autour de la citadelle d’Alep, la grande savonnerie Al Jbeili refonctionne. La Fondation Aga Khan s’emploie à reconstruire, plutôt bien, une petite partie des célèbres soukhs d’Alep, réduits en décombres par la guerre et le tremblement de terre. En une année, on a pu constater la multiplication des panneaux solaires sur les toits, pour pallier les pannes d’électricité et le prix du courant produit par les générateurs bruyants et polluants. Un centre d’art et de culture a été créé à l’initiative de la cantatrice syrio-suisse Soumaya Hallak dans un quartier pauvre de l’ancienne capitale économique de la Syrie. En bénéficient gratuitement des femmes et des enfants défavorisés. Evidemment, les grandes difficultés que traverse le pays ne doivent pas être occultées. L’inflation est abyssale (en 2023, un franc suisse valait 2000 livres syriennes, aujourd’hui il faut sortir 12 000 livres pour un franc ou un euro…) Comment survit-on sans aide extérieure quand ni les salaires ni les retraites n’ont suivi?
Cependant, il est injuste pour les habitants qui luttent pour survivre, et contraire à la réalité complexe du pays, de ne pas relever les petits signes de résilience de ce peuple courageux. Des lueurs d’espoir?
Nadia Braendle, La-Croix-de-Rozon (GE)