La Suisse doit-elle livrer du matériel de guerre pour un pays en guerre et participer à la boucherie? Pour rappel à ce jour nous apprenons que cette guerre a déjà dépassé les 300 000 victimes (180 000 soldats russes, 100 000 soldats ukrainiens, 30 000 civils), soit environ 900 morts par jour.

A toutes ces questions la commission de sécurité du Conseil national répond par l’affirmative en expliquant qu’il faut défendre un pays proche de nos valeurs, bien que 120e sur la liste des pays les plus corrompus de la planète….

Cette volte-face, dictée par l’OTAN et les USA, démolit complètement le concept de neutralité, arme de paix, élaboré patiemment et tant respecté au niveau des instances diplomatiques internationales. Pour rappel, les grandes puissances ont décidé en 1815 que «la neutralité et l’inviolabilité de la Suisse et son indépendance de toute influence étrangère sont dans les vrais intérêts de la politique de l’Europe entière». Or, nos autorités ne respectant plus ce principe de «neutralité intégrale», nous subirons dès lors le reproche d’avoir collaboré militairement!

Le gouvernement suisse désire-t-il détruire un facteur d’unité nationale et d’indépendance, ainsi qu’un outil synonyme de crédibilité et d’impartialité, si nécessaire à la Croix-Rouge pour avoir accès aux populations quel que soit leur camp et apporter une aide humanitaire vitale. Qu’il se rappelle que la neutralité et l’impartialité ne sont ni des concepts abstraits ni des valeurs utopiques, elles sont les conditions essentielles du respect et de la confiance pour porter secours aux personnes en détresse sans distinction.

Si notre gouvernement rejette cet outil, qu’il commence dès maintenant à appliquer son nouveau principe de neutralité, véritable «boîte de Pandore», à tous les pays! Et qu’il vende dès maintenant du matériel militaire aux Palestiniens et aux Tibétains afin qu’ils puissent se défendre contre les colonisateurs!

Séverin Brocher, Genève