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Des arguments qui ne tiennent pas la route

Paolo Gilardi estime que la réforme qui sera soumise au vote en fin de semaine n’est pas la bonne solution pour un financement à long terme de l’AVS.
Retraites 

Il est d’usage de prétendre, lorsqu’on veut abattre son chien, qu’il est enragé. Il en va de même, un peu, pour l’AVS.

Seule vraie assurance sociale en ce pays, puisque financée par le travail, selon la capacité contributive de chacun·e et par une contribution patronale en pourcentage des salaires versés, elle est depuis des années dans la tourmente.

Et, après la hausse – de 62 à 64 ans – de l’âge de la retraite des femmes voulue par Ruth Dreyfuss, nous voilà confrontés à l’élévation de l’âge à 65 ans pour toutes voulue par Alain Berset.

Les raisons invoquées – l’égalité entre les hommes et les femmes et l’allongement de la durée de vie – ne tiennent pas la route. C’étaient d’ailleurs les mêmes raisons qui étaient invoquées avant 1948 pour refuser la création de l’AVS et, après, pour combattre toute amélioration.

Et pourtant, le chien enragé de 1948 n’a toujours pas mordu et il n’est toujours pas mort, bien au contraire! Malgré les Cassandre qui prévoyaient des déficits abyssaux, l’AVS s’en sort bien, avec des bénéfices annuels milliardaires et qui devraient clouer le bec aux oiseaux de mauvais augure.

Ceux-ci, pourtant, véritables corbeaux à l’œil noir, ne cessent de nous décrire la situation en termes apocalyptiques: ce serait carrément la survie de l’AVS – qu’ils n’ont jamais voulue ou, alors, pas trop concurrentielle avec le deuxième pilier – qui est en jeu. Fichtre!

Le vieillissement de la population est pris en compte pour monter en épingle le prétendu déséquilibre entre «actifs et retraités». Sauf qu’on oublie que c’est, justement, en dégageant des places de travail, celles de gens vieux, usés et fatigués, au profit des jeunes, qu’on assure un financement à long terme de l’AVS. Et qu’on oublie aussi que, financée par le travail et les ponctions de la masse salariale, l’AVS ne doit sa santé financière qu’au montant des cotisations.

Autrement dit, on oublie que seules l’augmentation des salaires et de la masse salariale sont en mesure d’assurer un financement à long terme de l’unique, vraie, assurance sociale de ce pays, l’AVS, (qui, pour les besoins de la campagne, se découvre aujourd’hui des paladins là où les attend le moins) sans besoin de détériorer les prestations.

En peu de mots, seules la réalisation de l’égalité salariale entre hommes et femmes, l’augmentation du nombre de cotisant·es par la création de places de travail pour les jeunes et l’accroissement de la masse salariale – l’augmentation des salaires tant nécessaire face à l’inflation – sont en mesure de garantir l’avenir de l’AVS, pas la péjoration de ses prestations.

De quoi dire non, sans états d’âme au chantage appelé AVS 21.

Paolo Gilardi,
Genève

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