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Tim y es-tu? Que fais-tu? M’entends-tu?

Sophie Coulet livre une réflexion sur la place du «transport individuel motorisé» en ville sous l’angle de la santé publique.
Transports

Oui, incontestablement, le transport individuel motorisé est bien présent en ville. Surreprésenté, il ne contribue pas au sentiment de sécurité des divers acteurs de la mobilité douce et occupe des espaces qu’il serait urgent d’affecter à plus de végétation. Mais je n’ai pas envie de placer cette lettre sous l’angle du débat souvent stérile entre pro et antivoiture. Ce type d’opposition me semble dépassé, comme l’est l’apologie des SUV que j’ai pu lire dans le Tout l’immobilier du 13 juillet. Je tiens à placer ma réflexion sous le signe de la santé publique. C’est bien en ces termes que devrait se poser la question de la mobilité en ville, cela éviterait bien des ­débats peu constructifs.

Pour quelle raison la place de la voiture en milieu urbain n’est-elle pas drastiquement réduite? Parce que ceux qui ne sont pas prêts à faire cet effort pour la collectivité brandissent l’étendard de la liberté individuelle, la liberté de choix. Pourtant cette liberté a déjà été contrainte, souvent soumise à des limites imposées par la défense de la santé publique.

Ainsi, en pleine pandémie, des mesures restreignant les libertés ont été prises pour lutter contre la propagation du virus au nom de la santé publique. Ou quand la nocivité de la cigarette a enfin été énoncée au grand jour, des mesures ont aussi été prises au nom de la santé publique. La mobilité thermique, largement majoritaire encore aujourd’hui, est dangereuse pour cette même santé publique. C’est avéré: sur le long terme, elle contribue largement au réchauffement climatique, et, au quotidien, augmente les concentrations d’ozone, de particules fines, et contribue à la pollution sonore notamment nocturne, qui épuise de nombreux habitants. Il ne s’agit pas là d’une opinion politique, de dogmatisme ou de fanatisme écologiste, il s’agit de ­données mesurables.

Certains politiciens énonceraient-ils que la santé de leurs concitoyens n’est pas une priorité? Difficile à imaginer… Cela devrait donc être à eux, quelle que soit leur couleur politique, de fixer des limites en matière d’usage des TIMs en ville, en tenant bien entendu compte des exigences liées aux véhicules professionnels et aux déplacements impératifs, en améliorant l’offre de transports publics, et en favorisant les espaces de circulation dédiés à la mobilité douce aussi bien en termes de place que d’ombrage. Il est incontestable que dans une démocratie, les libertés individuelles doivent être préservées. Cependant il est inadmissible qu’en l’état actuel de nos connaissances, la liberté de jouir de son véhicule soit encore garantie quasiment sans restrictions et que les véhicules privés occupent une telle place dans nos rues.

Il est urgent de privilégier la santé d’aujourd’hui et la vie de demain, au détriment des habitudes bien ancrées dont certains refusent de se départir. L’être humain n’est pas forcément enclin au changement et n’apprécie généralement pas qu’on remette en cause ses acquis. Pourtant, au vu des multiples dangers que fait courir à chacun notre mobilité actuelle, sans doute serait-il enfin temps d’entendre que cette «liberté» est à remettre en cause au nom, tout simplement, du vivant.

Sophie Coulet, Genève

 

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