Agora

Une détermination intergénérationnelle à agir contre le réchauffement climatique

Emmanuel Deonna appuie la lutte contre le réchauffement climatique en Suisse.
Climat

La sécheresse qui sévit en Europe et ailleurs dans le monde ainsi que la crise énergétique prennent un tour de plus en plus alarmant comme le montrent les semaines que nous venons de traverser. Les canicules commencent plus tôt, elles sont plus fréquentes et deviennent plus sévères, à cause de la concentration de gaz à effet de serre, qui atteint des niveaux record. Comme l’a rappelé une représentante du GIEC lors d’un récent débat Infrarouge de la RTS, selon une étude de l’université de Bâle, un tiers des gens qui meurt en été décèdent de suites de la canicule. Les vagues de chaleur sont aujourd’hui trois plus fréquentes qu’au XIXe siècle. En vertus des accords de Paris et de Glasgow, les Etats doivent réduire de moitié leur émission de gaz à effet de serre d’ici 2030. Cependant, pour y parvenir, le pic de cette augmentation doit être atteint d’ici 2025 au plus tard. Car un accroissement d’un demi degré entraîne déjà une augmentation importante des événements météorologiques extrêmes (canicules, vagues de froid, pluies torrentielles, sécheresses, cyclones, etc). Alors qu’elle était en bonne place en comparaison internationale, la Suisse ne figure plus aujourd’hui aux premiers rangs des acteurs engagés dans la lutte contre le réchauffement climatique.

La jeunesse helvétique est lucide et déterminée. Consciente de la gravité des enjeux, elle n’est pas paralysée par son éco-anxiété. Elle lutte avec de plus en plus de détermination contre l’inertie de la classe politique. Adopté le mois dernier, l’«Initiative pour l’avenir» des Jeunesses socialistes suisses (JS) propose ainsi de créer les bases d’une politique climatique socialement juste grâce à un impôt sur les successions. Après avoir bloqué le trafic autoroutier à Lausanne, Genève, Berne et Crissier en avril dernier, les sympathisant.e.s de Renovate Switzerland ont occupé l’entrée du Secrétariat d’Etat à la formation, à la recherche et à l’innovation (SEFRI) en appelant le Conseil fédéral à former assez de main-d’œuvre pour relever l’énorme défi de la rénovation thermique des bâtiments. 100’000 nouveaux travailleurs et spécialistes devront être formés d’ici à 2025. Par des actions militantes et des performances artistiques, les jeunes d’Extinction Rebellion et du Collectif Breakfree continuent de dénoncer l’opacité des investissements des banques privées et de la Banque nationale suisse. Ils exigent de celles-ci qu’elles arrêtent d’investir massivement dans les énergies fossiles.

Les groupes régionaux des Grands-parents pour le climat appellent eux aussi à un changement de paradigme et à une nécessaire transition vers la durabilité. A l’instar des jeunes, les retraité·es constatent avec dépit que ceux (Etats, entreprises,…) qui font le moins d’efforts en matière sociale et environnementale sont toujours ceux qui s’enrichissent le plus. Pour résoudre les problèmes du réchauffement climatique, la consommation d’énergies fossiles devra drastiquement diminuer. A cet égard, une bonne nouvelle transparaît dans les rapports du GIEC. Il est déjà et il sera davantage possible à l’avenir de se passer de pétrole, de gaz et de charbon. Les solutions en matière d’énergie renouvelables sont en effet bien plus nombreuses et bien moins chères qu’au siècle dernier. Dans les pays développés, où l’empreinte écologique est supérieure à une planète, les habitudes de consommation devront s’orienter vers plus de sobriété. Le prestige social des individus deviendra ainsi moins souvent associé à l’acquisition, la possession et l’exhibition des biens matériels. La transition écologique devra s’appuyer sur les technologies les moins consommatrices de métaux et sur les techniques agricoles les moins pourvoyeuses de produits chimiques toxiques et d’engrais de synthèse.

Tous les groupes composant la population, et en particulier les actifs, doivent se sentir concernés et motivés à s’impliquer vers cet avenir que la jeunesse et les aînés appellent de leurs vœux. La transition écologique ne doit pas aggraver les inégalités sociales. Faute de quoi, une adhésion de l’ensemble de la population ne sera pas possible. Les modèles de la finance doivent être fondamentalement modifiés. Les acteurs de la finance doivent se conformer aux exigences de la durabilité, garantissant un retour sur investissement raisonnable mais pas abusif, et avec des engagements tangibles ayant des effets écologiques et sociaux concrets.

Opinions Agora Emmanuel Deonna Climat

Connexion