On nous écrit

«Nous ne croyons pas ce que nous savons»

Jean Martin s’inquiète de l’état mental de la jeunesse et de l’inertie des autorités politiques et économiques.
Climat

La question climatique est un thème quotidien. Il y a là un besoin majeur d’interactions entre toutes les «parties prenantes» dans la société – comme le souligne Klaus Schwab, patron du WEF de Davos, assumant des discours qui se distancient fortement d’un néolibéralisme prédateur.

Les jeunes, ceux en formation comme ceux qui semblent «démissionner», ne vont pas trop bien… Après avoir manifesté leur malaise et leur volonté de faire différemment lors des grandes Marches pour le climat, ils ont été très bousculés par le Covid; les consultations de santé mentale ne désemplissent pas.

Sous le titre «Votre futur sera mon présent», il y a eu le 9 juin à l’Unil des échanges substantiels lors d’un symposium centré sur l’adolescence. Le jour précédent, à l’Uni aussi, on a pu voir le film récent Animal et assister à un débat passionnant avec notamment Cyril Dion, réalisateur du film, et deux doctorantes travaillant sur l’écoanxiété et les manières dont la jeunesse réagit à ces défis. De la salle, cri du cœur d’une jeune femme disant sa peine à retrouver «des choses qu’on m’a volées» (dont des années de liberté volées par le Covid).

Cyril Dion a connu le burnout, mais échappe au pessimisme par l’hyperactivité. Il a souligné l’importance de récits motivants, inspirants, sur le mode de vie nouveau à trouver impérativement – le philosophe Bruno Latour parle de «l’obligation de rabouter le monde dont on vit avec le monde où l’on vit».

Où est le problème? Le 16 juin au matin, l’invité de La Première de la radio romande était Etienne Klein, physicien et philosophe des sciences français, un grand de la science et de la réflexion, interrogé sur la crise climatique. Réponse: on ne peut pas à proprement parler de crise parce que la menace est connue et démontrée à l’envi depuis quarante ans…. Le problème –  et il n’est de loin pas le seul à le dire – est que nous ne croyons pas ce que nous savons, et que la plupart des politiques et des patrons de l’économie ne veulent simplement pas accepter les faits, aussi aberrante que soit cette cécité.

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