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Extinction capitaliste: qui survivra?

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L’aveuglement des politiques, des militants et des citoyens en général concernant la destruction actuelle de la nature, l’épuisement des ressources nécessaires à nos modes de vie et l’effondrement prévisible de la plupart des sociétés humaines relève de la politique de l’autruche: surtout ne pas voir, ne pas comprendre, faire semblant d’avoir des solutions par des remèdes illusoires auxquels on fait semblant de croire. Avec quelle naïveté! Mieux vaudrait parler de lavage de cerveau que de greenwashing

Les faits sont pourtant simples. Depuis les débuts préhistoriques de l’agriculture, la production de nourriture a permis une croissance exponentielle des populations humaines, accélérée par les progrès de la santé au siècle dernier, avant une stabilisation en cours, à un effectif de l’ordre de dix milliards. Ceci au prix de la destruction systématique des espaces naturels autrefois biens communs – des forêts d’abord, des ressources minières et minérales ensuite, puis des océans. L’idéologie capitaliste de la croissance des productions et des consommations, d’abord limitée aux cercles étroits qui accumulaient les richesses, s’est répandue dans toutes les sociétés, tandis que le culte de l’argent et des profits immédiats rendait fous les riches dirigeants de la politique et de l’économie, confortés par la maîtrise de l’information et des médias.

Les industries du bois et de la viande détruisent les dernières forêts naturelles pour les remplacer par des cultures et des élevages non durables, qui ruinent des sols déjà pauvres et font avancer les déserts. Le tout après avoir éliminé des milliers d’espèces vivantes et réduit à presque rien les populations de beaucoup d’autres. L’agriculture industrielle, empoisonnant par la chimie les terres, les airs, les eaux, les animaux et les humains poursuit cette extinction, tandis que la pêche industrielle et l’acidification des océans désertifient aussi les mers. Face à cela, il n’est pas efficace de bien fermer le robinet après s’être lavé les dents, de manger bio ou de trier dix pour cent des déchets. Les bons sentiments n’ont jamais fait reculer le capitalisme financier et productiviste. Lequel accélère toujours sa croissance quand il faudrait la brider.

Si l’on se tourne vers l’avenir, quelques certitudes suggèrent plusieurs scénarios peu enthousiasmants. D’abord la structure politique des Etats les mettra de plus en plus en compétition pour des ressources limitées en voie de disparition. A commencer par le territoire, les sols agricoles, l’eau, les ressources vivantes et minérales. Poussées par les marchands d’armes, déjà suréquipées et soucieuses d’appliquer leurs savoir-faire, les armées des Etats les plus forts et les plus agressifs interviendront de plus en plus souvent. La violence croissante des conflits actuels montre que les génocides et les traités internationaux n’impressionnent ni les dictateurs fous ni les criminels cravatés ou galonnés.

Combien de pays riches, prospères ou simplement pacifiques sont-ils condamnés à subir des drames comme ceux du Viet Nam, du Cambodge, de la Syrie, de l’Afghanistan et tant d’autres? Comment s’en sortiront-ils le jour où le tabou de l’usage des armes nucléaires sera levé par un dirigeant un peu plus paranoïaque que les autres?

Certains osent penser que les grandes guerres probables seraient l’issue imprévue, somme toute favorable à long terme, de la crise écologique et environnementale. C’est négliger deux évidences. D’une part l’espèce humaine y serait sans doute l’une des plus menacées. D’autre part ces conflits ne libéreraient sans doute pas l’humanité du carcan capitaliste responsable des désastres en cours. Qu’il s’agisse d’éviter les effets catastrophiques du réchauffement climatique, de limiter au durable l’exploitation des communs et des ressources, de réduire des inégalités odieuses ou d’équilibrer les populations et les ressources, il n’y a pas de solution capitaliste, ni impérialiste.

Il est plus que temps d’en trouver une autre!

 

Dédé-la-science est chroniqueur énervant.

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lundi 8 janvier 2018

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