Édito

Une crise en cache une autre

Eternel recommencement
Le pouvoir d’achat des ménages est menacé. KEYSTONE-PHOTO PRÉTEXTE
Pouvoir d'achat

Ilot jusque-là épargné par l’inflation européenne, galopante depuis fin 2021, la Suisse ne fait plus figure d’exception.

Alors que l’augmentation des prix dans les rayons et à la pompe se fait déjà sentir, l’inquiétude plane sur l’explosion des factures d’énergie, suivie cet automne par un renchérissement attendu des primes maladies.

Le pouvoir d’achat des ménages est menacé. Sans surprise, ce sont les plus précaires qui en feront les frais. Celles et ceux qui comptent les francs pour finir le mois et que les statistiques oublient derrière un salaire médian brut qui s’élève à 6665 francs. En réalité, dix pour cent de la population se contente de moins de 4400 francs selon l’Office fédéral de la statistique.

A peine suffisant en temps normal pour s’acquitter des dépenses de base: logement, alimentation, assurance et impôts. Qu’en sera-t-il avec une inflation de plus de 2% prévue en 2022? Les ménages moyens aussi tireront la langue si rien n’est fait pour atténuer la douloureuse.

L’Union syndicale suisse sonne l’alarme: elle estime à 3000 francs la hausse de charges annuelles pour une famille avec enfant – deux tiers dus à l’inflation, un tiers aux primes maladie.

Pour «contrer ce choc», elle demande une amélioration des salaires ainsi qu’un plafonnement des primes maladie à 10 % du revenu. Des mesures nécessaires, tout comme les réflexions menées au niveau fédéral pour soutenir les ménages si la crainte d’une forte augmentation du prix de l’énergie devait se concrétiser.

Mais l’arbre ne doit pas cacher la forêt. La situation d’aujourd’hui appelle, au-delà de la gestion immédiate de la crise, à une réflexion systémique. Sur notre soumission au bon vouloir d’assureurs privés qui n’ont que le mot profit à la bouche, sur notre dépendance aux énergies fossiles, sur nos investissements toujours climaticides.

Il y a quasi deux ans naissait l’appel du 4 mai, bouteille à la mer pour un redémarrage différent après le semi confinement. Un appel qui a résonné dans le vide et qui pourtant semait les graines d’un avenir privilégiant les circuits courts, revalorisant des professions tournées vers l’humain, tenant compte de la crise écologique. Autant de changements de paradigme qui auraient évité d’être projeté sans transition d’une crise sanitaire à une crise économique. Aujourd’hui ce sont encore une fois les mêmes qui trinquent. Sans que jamais l’on ne tire les leçons qui s’imposent?

Opinions Édito Maude Jaquet Pouvoir d'achat

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