Scène

Le discours est un jeu

A l’entrée du spectacle Désordre du discours, on nous souhaite une «bonne conférence»: fausse piste.
Le discours est un jeu
Guillaume Bailliart prolonge et déplace la réflexion en jouant avec le discours de Foucault. MARC DOMAGE
Théâtre

Dans un amphithéâtre universitaire, Guillaume Bailliart dit le texte de la leçon inaugurale donnée par Michel Foucault au Collège de France en 1970 sous le titre L’Ordre du discours. Foucault y interrogeait les modalités selon lesquelles les discours sont toujours encadrés et régulés dans chaque société, que ce soit dans leur contenu – avec les tabous, le partage de la folie, ou la distinction du vrai et du faux – ou dans leurs modalités d’énonciation.

En partenariat avec l’Atelier critique de l’UNIL, nous publions ici les critiques d’étudiant·es réalisées dans le cadre de leur formation en études théâtrales. Ces textes sont disponibles dans leur version intégrale sur le site de l’Atelier critique dirigé par Lise Michel avec la collaboration d’Alexis Junod: www.ateliercritique.ch

Guillaume Bailliart prolonge et déplace la réflexion en jouant avec le discours de Foucault. Depuis le public, il prend possession de l’espace, devant, de long en large. Puis il monte sur l’estrade, sur la chaise, sur la table. C’est le texte qui emplit les lieux et prend vie. Tout est rythme, diction et intonations dans cette performance conçue par Fanny de Chaillé.

Le corps investit le discours par des gestes et incarne les mots. Les sons des accessoires qui cognent et glissent changent le rythme, marqué par des bruits de pas ou par une main qui donne la cadence. Les silences, les ombres qui passent sur le visage, sur le mur, démultiplient le comédien, allongent le mouvement ou les doigts.

L’accompagnement du discours par le corps et les sons clarifie le propos et rend la performance ludique: les mots ne sont qu’un élément du spectacle. Le fou parle, disait Foucault, et personne n’écoute. Ses paroles forment du bruit, à moins qu’on ne lui attribue le pouvoir de révéler des vérités cachées. Le spectacle présente des analogies avec le discours du fou.

Jusqu’au 27 mars, Théâtre de Vidy hors les murs à UNIL; www.vidy.ch, www.fannydechaille.fr

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