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Sagesse populaire

Suite au résultat de la votation sur la publicité pour le tabac, Roland Niedermann espère que la Suisse adoptera une vraie politique de prévention.
Santé

Le oui de la Suisse est net. Oui à la protection des enfants et des jeunes contre une publicité qui vise à les transformer en consommateurs d’un produit scientifiquement reconnu comme nuisible à la santé et addictif, c’est-à-dire les rendant dépendants à la nicotine.

L’acceptation d’une initiative est rare en Suisse, l’acceptation de deux en moins d’un an est exceptionnelle. Est-ce que la pandémie a aiguisé la sensibilité de la population en matière de santé? En automne, le peuple a plébiscité l’initiative des soins, maintenant il a accepté celle de la prévention selon le proverbe: mieux vaut prévenir que guérir.

Sous cet angle, personne ne peut rester indifférente aux arguments utilisés par les pros et les contres de la restriction publicitaire du tabac. Les adversaires mettaient en avant le bien-être économique et la liberté d’une industrie et d’un commerce qui font des affaires lucratives avec un produit qui «tue». Les partisans se souciaient du développement sain de la future population adulte et de la santé publique. Car personne ne peut balayer l’incompatibilité entre santé et tabac, ni le fait que toute personne addicte au tabac est un client précieux de cette industrie. Plus il est jeune, plus intense et longue sera sa carrière de dépendant.

La Suisse cultive un pourcentage de fumeurs parmi les plus élevés en Europe. Par contre, en adoptant une vraie politique de prévention, des pays comparables ont réussi à diminuer ce que la médecine qualifie d’épidémie anthropogène.

Hélas, ce oui remarquable ne corrige pas la Loi sur les produits du tabac, qui empêche la Suisse de ratifier la Convention cadre anti-tabac de l’ONU. Le parlement et le gouvernement portent la responsabilité d’une nation qui se classe parmi les dernières pro-tabac au monde et qui préfère les affaires lucratives des multinationales du tabac – qu’elle n’a pas honte d’héberger – à la sagesse populaire et au savoir médical.

Roland Niedermann, médecin, Chêne-Bougeries (GE)

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