Livres

Le parfum des mots

Cette chronique littéraire a été écrite par une étudiante en Lettres de l’université de Genève, dans le cadre d’un atelier d’écriture animé par Magali Bossi et Natacha Allet.
Le parfum des mots
Premier roman

Il n’est pas aisé de retranscrire une odeur en mots. Patrick Süskind, dans Le Parfum, avait déjà démontré l’exceptionnelle richesse descriptive dont il faut faire preuve afin de dépeindre des sensations olfactives. De son côté, Marie Mangez signe avec Le Parfum des cendres un premier roman entièrement construit autour des odeurs. 

Hanté par son passé, Sylvain n’observe désormais le monde qu’à travers la paroi épaisse d’une prison de verre. Indifférent aux ébats de l’existence, il se réfugie dans son univers intérieur. Là, entre les frontières impénétrables de sa boîte crânienne, il conserve des parfums. Car Sylvain a un don: dans le funérarium où il travaille, il est capable, par les simples arômes émanant d’un corps, de reconstruire la personnalité d’un individu. La vie de cet homme silencieux va se trouver bouleversée par l’intrusion de la pétillante Alice, qui, dans le cadre d’une thèse sur la thanatopraxie, demande à observer son travail. Intriguée par Sylvain et son don, cette jeune femme pleine de vie va tenter de percer le mystère intérieur qui l’habite.

Le roman propose une réflexion éprise de sérénité sur la mort, en jouant sur une gamme de tons allant de l’humour désopilant au tragique, en passant par des passages emprunts de poésie. La prose témoigne parfois d’un style encore naissant. Pourtant, l’autrice fait preuve d’une virtuosité descriptive impressionnante et parvient à dépeindre un saisissant éventail de paysages olfactifs. Ainsi, pour l’originalité de son sujet et le charme attachant de ses personnages, Le Parfum des cendres est une lecture à ne pas manquer.

Marie Mangez, Le Parfum des cendres, Finitude, 2021, 237p.

Culture Livres Victoria Brunner Premier roman

Connexion