Édito

La mobilité à l’heure des choix

La mobilité à l’heure des choix
Les Genevois et les Francais peuvent emprunter la Voie verte, une autoroute de la mobilite douce entre les Eaux-Vives et la ville francaise d'Annemasse.KEYSTONE
Mobilité

L’association Actif-Trafic a déposé hier à Genève son initiative populaire Climat urbain. Un texte soutenu par vingt-cinq organisations vertes, la gauche et les syndicats et d’ores et déjà décliné, ou en passe de l’être, dans plusieurs villes suisses. Son contenu coule de source et demande que, chaque année durant une décennie, une surface équivalant à 1% des espaces dévolus aux voitures soit rendue pour moitié aux espaces verts et pour moitié à la mobilité douce (marche, vélos ou voies propres pour bus et trams).

Une démarche frappée au coin du bon sens, même si on entend déjà les clameurs du lobby des vroomers. Nos modes de transports évoluent. Le vélo, moyen de déplacement efficace, à faible empreinte climatique et sobre en termes d’utilisation de l’espace, a retrouvé ses lettres de noblesse. Les compromis du passé montrent leurs limites. Il est important de lui octroyer des espaces plus généreux et d’éviter de le faire entrer en conflit avec les piéton·nes en mordant sur leur espace.
Lorsque dix bicyclettes traversent le parc des Bastions, cela ne gène personne; lorsqu’une qu’une file ininterrompue parcourt à toute allure la plaine de Plainpalais, les conflits d’usagers et d’usagères sont programmés. Le U cyclable sur les quais est un équipement qui fait ses preuves; mais il est aussi envahi par les piéton·nes…
Le moment est venu de faire des arbitrages qui réduisent l’espace occupé par les voitures et de le rendre aux deux-roues, aux piéton·nes et aux transports en commun. Ces derniers sont à l’étroit. Leur donner de l’air, c’est aussi accélérer leur vitesse commerciale qui s’apparente encore par trop à la vitesse de l’escargot. Et, partant, cela sera gage de report modal. Les quelques modestes mesures prises pendant le confinement ont immédiatement montré leur efficacité, en dépit des
cris d’orfraie poussés par le lobby de la voiture et des motos, encouragé par la droite populiste élargie pour l’occasion à une partie du PLR. L’indifférence qui a accueilli ses slogans rances fondés sur un jeu de mot pathétique – «Dal Bouchon, démission» – a surtout suscité un brin de pitié face à tant de ringardise. De bon augure pour la suite.
Au-delà de rendre – un peu – de la ville à ses usagers et usagères, l’initiative offre aussi une réponse – minimaliste certes, mais ne la boudons pas – à la crise climatique. En prévoyant une extension de l’arborisation, elle permettra de lutter contre les îlots de chaleur qui se mulitiplient en été du fait du réchauffement climatique. C’est aussi cela le mieux-vivre en ville, il peut convaincre largement une population qui souffre – et qui meurt, parfois – des canicules.
Opinions Édito Philippe Bach Mobilité

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