Genève

L’Etang achève la première étape de sa mue

Le quartier de l’Etang ouvre ses portes à ses premier·ères habitant·es, mais les travaux ne seront complètement achevés qu’en 2023. Reportage entre échafaudages et finitions.
L’Etang achève la première étape de sa mue
Pour moitié habitations, les édifices accueilleront aussi des hôtels, un centre commercial et de loisirs, des bureaux … Les arcades inférieures sont réservées à des magasins de proximité, des restaurants ou encore des services, comme un coiffeur ou un cabinet médical.
Urbanisme

Les premier·ères locataires de l’Etang prennent leurs quartiers ce jour dans ce qui était il y a sept ans encore une zone industrielle et artisanale. Un record de vitesse pour ce projet gigantesque qui doit accueillir à terme 2500 habitant·es et autant d’emplois, dans un périmètre de 11 hectares compris entre la route de Meyrin et celle de Vernier. Qui dit emménagements ne signifie pas pour autant fin du chantier: il faudra attendre le printemps 2023 pour voir l’ensemble réalisé. A quelques jours de l’ouverture partielle, c’est donc dans une ambiance mi-échafaudages mi-finalisation paysagère que le Courrier a fait le tour du pâté d’immeubles.

Densité impressionnante

On la pressentait importante de l’extérieur, elle devient concrète une fois l’enceinte du chantier franchie: la densité est au cœur de ce colossal ouvrage. De part et d’autre de l’axe principal – la future avenue de l’Etang – se dressent des bâtiments imposants – jusqu’à onze étages –, pour la plupart encore entourés de leurs échafaudages. Pour moitié habitations, les édifices accueilleront aussi des hôtels, un centre commercial et de loisirs, des bureaux … Les arcades inférieures sont réservées à des magasins de proximité, des restaurants ou encore des services, comme un coiffeur ou un cabinet médical.

L’envergure du projet fait partie de son identité, et le maire écologiste de Vernier, Mathias Buschbeck, ne s’en cache pas: «C’est une véritable pièce urbaine, avec une densité équivalente à celle des Pâquis. Et je suis heureux qu’elle voit le jour, parce qu’il n’y avait rien ici avant, et que la demande de logements est énorme. Rien que pour les 250 premiers appartements subventionnés délivrés ce mois-ci, nous avons eu 4000 dossiers déposés.» La commune ne voulait pas pour autant construire une «cité-dortoir», d’où la parité assurée entre surface d’activité et de logement. Et une volonté marquée de créer des espaces publics partagés.

Ainsi est née la place de l’Etang, espace central pavé qui accueillera des terrasses de bistrots et cafés mais aussi des jets d’eau pour les enfants. Et des arbres? Oui, enfin une poignée d’arbres en fosse, car la priorité a été donnée à la polyvalence du lieu, explique le maire. Pour la verdure, il faut plutôt chercher au centre des îlots d’immeubles, qui accueillent aussi les places de jeux. Le jour de notre visite, on y plante d’ailleurs les premiers arbres, des spécimens respectables de plusieurs mètres de hauteur déjà, à qui l’on promet une croissance optimale. Les Genevois·es, échaudé·es par des promesses similaires non-tenues, devront attendre plusieurs années pour se faire une idée finale. Ici les racines ne reposent pas sur les dalles des parkings. Ce qui fait dire au représentant du maître de l’ouvrage et guide du jour, Olivier Français, que «le résultat final sera similaire aux images de synthèse». Pari lancé!

Durabilité en béton

Le quartier se veut une prouesse de durabilité. De ses fondations – les matériaux issus de la déconstruction ont été dans le mesure du possible revalorisés sur place – à ses toits – qui abritent des surfaces potagères et végétalisées. Un effort important a aussi été fourni sur l’énergie, faisant de l’Etang le premier quartier genevois labellisé 2000 watts. Depuis les premières phases de construction et durant sa future exploitation, il doit prouver sa sobriété énergétique. Une démarche qui passe par un éclairage publique modulable, une connexion au réseau thermique GeniLac des SIG ou encore la mise à disposition, dans chaque logement, d’un outil permettant de contrôler la consommation d’électricité de son foyer.

Côté mobilité, l’accent est mis sur les transports en commun avec une desserte via le tram sur la route de Meyrin, et d’ici la fin de l’année la déviation de la ligne 23 à travers le quartier. En-dehors de l’axe principal, limité à 30 km/h, les voitures sont cantonnées aux parkings souterrains mutualisés – comprendre qu’il n’y aura pas de place pour toutes les voitures individuelles. A moyen terme, un tronçon de ‘voie verte’ traversera également le quartier, tandis qu’une nouvelle passerelle piétonne au-dessus de l’autoroute permettra de rallier la gare ferroviaire de Vernier.

Reste qu’encore une fois, et malgré l’effort certain mis sur une construction économe en énergie, on s’étonnera de l’omniprésence du béton dans le périmètre. Exception faite de la seule infrastructure publique, l’école des Tritons, qui accueillera aussi la crèche, une ludothèque et des salles de sport en sous-sol. Tout de bois vêtu, l’édifice apporte une respiration bienvenue dans cet environnement minéral.

Etang vidé de sa substance?

«Nous entrons dans une phase compliquée: les gens vont commencer à habiter mais les travaux se poursuivent, avec leur lot de bruit et de poussière», relève Olivier Français. Il faudra attendre le printemps 2023, au mieux, pour voir achevés les derniers bâtiments à l’ouest du périmètre. Plus immédiatement, c’est le parc de l’Etang adjacent qui va connaître une nouvelle jeunesse. Notamment parce que la proximité de l’école avec le plan d’eau qui lui vaut son nom n’est pas conforme. «Pourquoi ne pas y avoir pensé avant?» déplore Claire Didelot, la présidente du Groupement des habitants des chemins de villas adjacents. Et de regretter qu’on envisage déjà d’amputer le symbole fondateur du quartier.

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