Quelle campagne à Genève pour inciter la population à se vacciner? Rien ou presque. «Les gens sont suffisamment informés, il faut leur laisser le temps de se décider. Et d’éventuelles nouvelles flambées pourraient les pousser à faire le pas», nous répond le bras droit du ministre cantonal de la Santé. Réponse surréaliste. Car, comme attendu, le rythme des vaccinations faiblit après l’engouement des débuts tandis que la propagation du variant delta, bien plus contagieux que les autres, prend de l’ampleur.

Les campagnes traditionnelles avec spots à la télé ou placards dans les journaux ne fonctionnent pas, affirment aussi les autorités genevoises. Qu’en savent-elles? Elles n’ont même pas essayé, alors que les conseillères et conseillers d’Etat n’ont pas jugé utile de médiatiser leurs propres injections pour inciter la population à l’imiter et lui donner confiance. En réalité, de telles campagnes semblent en effet insuffisantes. Il aurait fallu labourer le terrain depuis longtemps, répéter le message inlassablement, expliquer, chiffres et données scientifiques à l’appui, le bénéfice de la vaccination pour la société mais aussi pour chacune et chacun, jeunes y compris. Car se vacciner, quand on a 20 ans, est un geste de solidarité mais aussi une protection contre le Covid long. Et moins on se vaccine, plus on doit restreindre les libertés.

Prises dans la course logistique, les autorités ont négligé leur tâche de sensibilisation. S’il est évidemment difficile de convaincre les anti-vaccins qui sont souvent aussi, paradoxalement, celles et ceux qui s’indignent des contraintes dues au Covid, il ne faut pas y renoncer et surtout aller chercher les indécis·es, quitte à faire du porte-à-porte comme dans certains pays. Car la fin du cauchemar Covid dépend du succès des campagnes de vaccinations et l’on sait que la dernière ligne droite est la plus dure. Les rebonds épidémiologiques en Israël ou en Grande-Bretagne devraient inciter nos autorités à mettre la gomme en terme de campagne d’incitation.