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Vote sans espoir

Vote sans espoir
Seul un tiers du corps électoral s'est déplacé. Keystone
France

Quels enseignements tirer de scrutins régionaux et départementaux français, où seul un tiers de l’électorat s’est rendu aux urnes? Rien de très consistant, si l’on sait que l’élection qui fait l’alpha et l’oméga de la politique hexagonale – la présidentielle – devrait attirer, d’ici une dizaine de mois, probablement le double d’électeurs et d’électrices. Quelques tendances semblent pourtant se dégager.

A commencer justement par le désamour croissant des Français et des Françaises pour les urnes. Avec 34% de participation contre 51% en 2015, la chute est brutale. Les explications sont sans doute multiples – dont le trauma du Covid après celui des Gilets jaunes. Mais la configuration politique nationale paraît constituer une dimension essentielle. Entre le centre-droit macronien et l’extrême-droite lepéniste, le choix proposé n’est guère… mobilisateur. La majorité de l’électorat semble avoir gardé son bulletin du moins pire pour la présidentielle d’avril-mai 2022.

L’échec de ces deux courants aux régionales et les succès des Républicains (droite) et des socialistes (centre-gauche) n’augurent pourtant pas automatiquement d’un revirement. Pour l’heure, il semble surtout souligner le rejet des projets politiques et des partis censés les incarner, et le repli des votant·es sur des personnalités, médiatiques et/ou solidement ancrées localement. Une «prime aux sortant·es» dont Emmanuel Macron peut espérer tirer profit dans quelques mois. A moins que sa stratégie de droitisation en cours depuis son élection ne finisse par l’exclure du second tour, face à la remontée en grâce des Républicains.

A gauche, en revanche, l’horizon demeure résolument bouché. Le recul de la liste d’union des gauches et des Verts en Ile-de-France, incapable ne serait-ce que d’additionner au second tour ses scores du premier, en dit long sur la crise que traverse le projet de transformation sociale progressiste. Discrédités par la présidence de François Hollande, divisés en chapelles partisanes autant qu’en ghettos sociaux et idéologiques, la gauche et les Verts paraissent aussi peu en mesure d’élaborer un projet commun crédible que de mobiliser, en moins d’une année, les millions d’abstentionnistes qui pourraient renverser la table.

La seule lueur étant que le Rassemblement national ne paraît décidément pas près d’en profiter!

Opinions International Benito Perez France

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