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Urgence agricole

Raymond Gétaz soutient les deux initiatives populaires visant une agriculture plus écologique en Suisse.
Votations fédérales

Aujourd’hui, le mode de production de notre alimentation est dominé par l’agro-industrie et des politiques agricoles favorisant les grandes exploitations et, par là, les monocultures et la concentration des élevages dans des unités de plus en plus grandes. Si, dans un passé pas si lointain, l’agriculture mettait en valeur les ressources naturelles, créait des écocircuits et contribuait à la biodiversité, le modèle agro-industriel, aujourd’hui en vigueur, détruit des ressources vitales, pollue les sols, l’air et l’eau et consomme près de cinq fois plus de calories qu’il n’en produit. Les pesticides et antibiotiques de ce mode de production affectent gravement la santé des paysan·n·es et ouvrièr·e·s agricoles ainsi que les consommateurs·trices des aliments contaminés.

Les crises sanitaires concernant l’alimentation et l’environnement se multiplient d’année en année: rappelons par exemple la maladie de la vache folle, la grippe aviaire, le scandale des œufs contaminés au fipronil, sans parler des effets potentiels, encore peu recherchés, des cocktails de pesticides dans nos fruits et légumes. De surcroît, ce système alimentaire mondial contribue à près de 50% aux émissions de gaz à effet de serre. Que l’origine du coronavirus soit également due ou non, aux conséquences directes ou indirectes de l’emprise de l’agriculture industrielle sur les sols, ne sera certainement jamais établie avec certitude. Pourtant, ce sont bien les pesticides et les antibiotiques de ce mode de production qui sont à l’origine de la plupart des scandales alimentaires.

Au mètre carré de surface agricole, la Suisse est un des pays qui utilise le plus de pesticides. Il n’est donc pas étonnant que de plus en plus de communes en retrouvent des traces, dépassant les normes autorisées, dans l’eau potable. Deux initiatives populaires, l’une demandant «une Suisse sans pesticides de synthèse» et l’autre dénommée «Pour une eau potable propre et une alimentation saine – Pas de subventions pour l’utilisation de pesticides et l’utilisation d’antibiotiques à titre prophylactique» seront soumises au vote populaire au mois de juin prochain. Avec l’acceptation de ces deux initiatives, la Suisse pourrait jouer un rôle précurseur pour une agriculture écologique au niveau européen.

Certes, les deux initiatives peuvent choquer par leur radicalité et quelques aspects difficiles à mettre en pratique dans un court laps de temps. Mais nous connaissons aujourd’hui les graves conséquences de la priorisation par les politiques agricoles suisses et européennes de critères de marché éphémères, au détriment du maintien des ressources naturelles et des écosystèmes de la planète ainsi que de la santé de la population. Qu’attendons-nous donc pour agir et remettre la priorité sur des modes de production plus humains, garantissant une bonne alimentation pour nous et les générations futures? Soutenir résolument ces deux initiatives populaires constitue un levier dans cette direction. Reconnaissons enfin que l’urgence agricole fait partie de l’urgence climatique!

Raymond Gétaz,
coopérative Longo maï, Undervelier

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