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D’abord, Noël, c’est rien qu’un complot

L’IMPOLIGRAPHE

Normalement, en cette période de l’année, ce qui devrait s’imposer pour une chronique, c’est un conte de Noël. Une jolie histoire pleine de bons sentiments, et qui finit bien, avec une morale qui fasse usage au moins jusqu’à Pâques. Mais là, maintenant, j’ai comme un doute: franchement, vous la trouvez propice aux bons sentiments et à un joyeux Noël, la période qu’on vit?

Parce que vous ne vous en doutez peut-être pas, manipulé-e-s que vous êtes, mais cette année, Noël sera un moment de la grande offensive du grand complot pédosataniste mondial, quoique chinois. Vous ricanez? vous avez tort. Il est partout, le complot. Jusque dans la crèche de Noël.

Ousque se sera caché un pangolin et où Joseph, Marie, le bœuf et l’âne, et même le chti Jésus seront masqués et se tiendront à un passus de distance les uns des autres (le passus, c’est une mesure romaine de l’époque de la naissance de Jeshua ben Youssef – Jésus pour les intimes –, équivalant en gros à un mètre cinquante). Les Rois mages, eux aussi masqués, forcément, se tiendront hors de l’étable. Comme des immigrants illégaux qu’ils sont, avec leurs noms de métèques. On chantera «mon beau vaccin, roi des pharmas» et, comme cadeaux, on s’offrira des masques connectés au bureau politique du Parti communiste chinois, des tests dont le résultat sera directement transmis à Bill Gates, à George Soros et à Alain Berset, ou un vaccin qui vous inoculera la charia. Déjà que Noël, de toute façon, c’était un complot depuis le début. Mais au moins, c’était un complot chrétien. Une récupération de la fête païenne du solstice et de la fête juive des lumières. Pas comme le réchauffement climatique ou la Covid, ces inventions chinoises pour affaiblir le monde libre et blanc. Le complot, je vous dis.

Bon, sur ce, moi, je vais nourrir mon pangolin. Et comme c’est ma dernière chronique avant l’année prochaine, si année prochaine il y a, je vous souhaite un joyeux Noël et une bonne année 2021. Enfin, «bonne» année, faut le dire vite. C’est pas une bonne année qu’on devrait souhaiter et se faire souhaiter, c’est seulement une année. La dernière, sans nul doute, avant le grand collapsus. D’ailleurs, maintenant que le grand complot vous a été révélé et que vous avez été averti-e de son terme inéluctable (apocalyptique, le terme), il ne vous reste plus qu’une chose à faire: creuser un abri dans votre jardin ou dans votre cave et vous y planquer. Prenez de la lecture (de toute façon, les médias vous mentent tous, ils sont du complot, la preuve: ils n’aimaient pas Trump), faudra bien vous occuper avant l’Armageddon. Allez, je vous fais une chtite bibliographie pour vous remonter le moral: Le Décaméron de Boccace (la peste fait rage en 1348 à Florence, et des jeunes gens qui se sont mis en quarantaine à la campagne se racontent des histoires pour surmonter leur angoisse), Les Fiancés de Manzoni, (là, c’est à Milan en 1630 que rôde la peste), Mort à Venise de Thomas Mann (c’est le choléra qui infeste Venise), Les Signes parmi nous de Ramuz (une mystérieuse maladie ravage la Romandie). Et sans oublier, évidemment, Le Dernier Homme de Mary Shelley et La Peste de Camus.

Voilà, vous avez de quoi passer le temps (compté) qu’il vous reste, confiné-e-s dans votre tanière, à l’abri du complot. Mais ne faites pas les choses à moitié: faut qu’il soit le plus profond possible, l’abri. Avec une porte pour entrer, mais qu’on condamnera ensuite. Et pas d’issue pour sortir.
Parce qu’à la connerie, il n’y a qu’une réponse possible: l’enterrer. Bien profond.

Je vous l’avais bien dit qu’il n’y a de conte de Noël qui vaille qui ne se close sur une morale à toute épreuve…

Notre chroniqueur est conseiller municipal carrément socialiste en Ville de Genève.

Opinions Chroniques Pascal Holenweg

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lundi 8 janvier 2018

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