On nous écrit

Où est le monde d’après?

Sara Gnoni se demande où sont passées toutes les bonnes intentions évoquées au début de la crise du coronavirus.
Pandémie

Ce printemps, nous étions nombreux à avoir écrit des tribunes pour appeler à un «non retour à la normale». Naïvement, nous pensions qu’était arrivé ce moment tant attendu d’une prise de conscience collective de l’humanité. Ce virus ne serait en fait qu’un cri d’alarme de la nature nous invitant à ralentir, à se concentrer sur l’essentiel, sur les liens humains et ceux avec les autres terriens. Nous allions arrêter de voyager sans cesse, réduire notre consommation et valoriserions les professions qui étaient primordiales pour notre bien-être.

Cette pause forcée aurait sans doute permis de prendre de nouvelles habitudes, laisser de côté sa voiture et se déplacer davantage à pieds ou à vélo, développer la solidarité, mettre en place de assemblées citoyen-nes pour résoudre, ensemble, la crise environnementale.
A minima, nous aurions fortement réduit la pollution (responsable mondialement de 9% des décès annuels), interdit les pesticides et réduit drastiquement la consommation de produits d’origine animale, qui non seulement sont la cause des zoonoses, mais participent à la destruction de la biodiversité en mettant notre propre survie en jeu.

Huit mois après, quelle est notre nouvelle normalité? Certes, nous avons mis en place quelques pistes cyclables, mais les soutiens aux plus précaires n’auront été qu’éphémères, les inégalités n’ont fait que de se creuser encore plus. Le système de santé est toujours basé sur le profit et les métiers de la santé n’ont pas été pour autant mieux valorisés.

Constat glaçant: la déforestation au Brésil a grimpé de 72% entre août 2019 et mai 2020, comparé à l’année précédente. La pollution due aux masques et à l’utilisation accrue de produits chimiques dans les désinfectants vient s’ajouter à la situation, déjà fragile, de notre environnement. Après une baisse temporaire, les émissions ont repris de plus belle et nous sommes loin de la réduction de 7.6% nécessaire en 2020 jusqu’en 2050 afin de rester dans la limite de 1,5C° et éviter le pire. Au même titre que certains essaient de faire croire à des solutions technologiques pour résoudre la crise environnementale, nous recherchons des solutions rapides, externes et technologiques pour guérir les symptômes de cette pandémie et non pas ses causes.

Gardons néanmoins espoir: derrière les masques et même confiné, le monde d’après se prépare et il devra être bien différent, ou il ne sera pas.

SARA GNONI, conseillère communale verte, Lausanne

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