Suisse

Le traçage est mis à rude épreuve

Des cantons atteignent la limite de leurs capacités. Une plus grande sélectivité dans le suivi se dessine.
Le traçage est mis à rude épreuve
Après les remarques d’Alain Berset, le ministre bâlois Lukas Engelberger estime que les cantons ont bien travaillé jusqu’ici. KEYSTONE/ARCHIVES
Covid-19

Une hausse de 1445 cas annoncée ce mardi, un taux de positivité qui grimpe à 15,1%: les équipes de traçage commencent à être mises à rude épreuve dans différents cantons. Notamment à Zurich, où la médecin cantonale Christiane Meier admet que les capacités actuelles – 50 traceurs engagés – sont à la limite.

Un brin sévère, le conseiller fédéral en charge de la Santé, Alain Berset, rappelait lundi que «depuis la fin avril, début mai, il était clair que c’était un devoir central des cantons, ils ont eu le temps de se préparer. Ce qui s’est passé la semaine dernière n’était pas une surprise, nous savions que cela allait arriver.» Le Bâlois Lukas Engelberger, président de la Conférence des directeurs cantonaux de la santé (CDS), évalue la situation et les besoins pour mener un traçage efficace.

Des cantons comme Zurich, Berne ou Fribourg signalent arriver au bout de leurs capacités de traçage. La situation se corse un peu partout en Suisse…

Lukas Engelberger: Le traçage des contacts fonctionne toujours dans l’ensemble, mais c’est un grand défi. En raison du nombre élevé de cas et d’événements spécifiques où de nombreuses personnes doivent être retrouvées, des goulets d’étranglement et des retards temporaires dans les appels peuvent survenir dans certains cantons. En fonction de leurs besoins, ils recrutent constamment de nouvelles personnes pour la recherche des contacts. Toutefois, il faut d’abord former le personnel avant d’éliminer les éventuels goulets d’étranglement. Cela nécessite quelques jours d’adaptation.

Lundi, Alain Berset a lancé une pique aux cantons dépassés, signalant qu’ils avaient eu le temps de se préparer. Des cantons se sont-ils mal préparés?

Au printemps, 100 infections par jour en Suisse étaient considérées comme la limite pour maintenir le traçage des contacts. Aujourd’hui, il fonctionne toujours avec bien plus de 1000 nouvelles infections à l’échelon national. Il est impossible de prévoir de manière générale à partir de quel seuil la recherche des contacts ne fonctionne plus. En principe, celle-ci reste un élément central de la lutte contre la pandémie. Mais la population doit respecter les règles de distance et d’hygiène, et limiter autant que possible ses liens sociaux, afin qu’il y ait le moins de personnes possible à retrouver pour chaque nouveau cas.

Quelles faiblesses en matière de traçage ont-elles été identifiées et quelles réponses sont possiblement envisagées?

Il faut former les traceurs à mieux sensibiliser des contacts qui ne comprennent pas bien ou acceptent mal une mise en quarantaine. Il faut également mettre l’accent sur la gestion des contacts proches. Nous avons aussi travaillé avec la Confédération pour améliorer et standardiser le système de transmission des données et définir un ensemble minimal de données.

Cela veut-il dire que les contacts étroits de personnes infectées ne sont pas correctement alertés ou contrôlés?

Non. Cela veut dire que nous devons considérer les contacts étroits comme prioritaires et, le cas échéant, faire un suivi moins rigoureux des contacts lointains.

Une réunion aura lieu ce jeudi avec la présidente de la Confédération, Simonetta Sommaruga. Sur quels objets les attentes de la CDS se concentrent-elles?

Les médias en seront informés en temps voulu, à la suite de la rencontre.

Les cantons envisagent-ils un appel à l’aide groupé adressé à la Confédération, notamment pour des renforts?

Nous n’avons soumis aucune demande de ce type de la part de la CDS. Toute requête venant d’un canton devrait suivre le principe de la subsidiarité. Une aide est possible seulement là où toutes les autres options publiques ou privées sont épuisées.

La Confédération ne devrait-elle pas prendre le lead, comme c’était le cas au printemps?

Les cantons ont assumé leurs responsabilités jusqu’à présent. Avec la loi Covid adoptée en septembre, le parlement a confirmé la répartition des tâches entre la Confédération et les cantons. La CDS est en échange permanent avec la Confédération sur les ajustements des mesures nécessaires, en fonction de l’évolution de la situation. LA LIBERTÉ

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