Suisse

Les contacts du malade pas alertés

Des retards dans l’envoi des codes d’alerte de l’application Swisscovid affectent son utilité.
Les contacts du malade pas alertés
L'application Swisscovid est utilisée par 14% de la population. KEYSTONE
Covid-19

Toute son utilité est fondée sur le fait qu’elle permet d’avertir des personnes potentiellement infectées avant qu’elles ne développent des symptômes du coronavirus, et qui n’auraient pu être mises au courant autrement. Sauf que l’application Swisscovid souffrirait aujourd’hui de la lourdeur du protocole mis en place pour produire et transmettre des codes d’alerte, indique la Neue Zürcher Zeitung. Une partie des codes concernant des cas Covid-19 ne seraient générés et envoyés qu’une à deux semaines après le diagnostic, soit bien trop tard pour freiner la chaîne de transmission.

Entre le 25 juin et le 8 août, un total de 5168 nouvelles infections ont été déclarées. Selon les données de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP), au cours de la même période 752 codes ont été générés, mais seulement 487 effectivement saisis dans l’app par les personnes infectées pour alerter leurs contacts. Ainsi, 265 n’ont jamais été utilisés.

Et quelle est la part des retards et où se situe le problème? Difficile à dire à ce stade. Si la NZZ note plusieurs cas de ce type dénoncés sur Twitter, l’OFSP explique n’avoir connaissance que d’un cas «où le code covid a été délivré 12 jours après le diagnostic». Celui de Johannes Schwarzer, un employé du Secrétariat d’Etat à l’économie, qui s’est alerté de n’avoir aucune nouvelle du Service du médecin cantonal de Genève une semaine après son test.

Retards cantonaux

«Nous prenons le retour d’information au sérieux et nous analysons les cas afin de déterminer où se situe le problème. Si des solutions claires se dégagent, nous en discuterons et les mettrons en œuvre avec les cantons», assure Marco Stücheli, responsable de communication pour l’application Swisscovid à l’OFSP. Plusieurs cas de figure peuvent expliquer ces retards. Parfois ce sont les personnes infectées elles-mêmes qui tardent à entrer leur code, mais il arrive que les lenteurs viennent des médecins ou laboratoires délivrant les diagnostics ou encore des équipes cantonales des services des médecins cantonaux.

«Il est clair qu’un certain temps est nécessaire entre le moment où l’écouvillon est prélevé, le test effectué, envoyé au laboratoire, évalué, le résultat envoyé au médecin, puis au service du médecin cantonal», relève Rudolf Hauri, président de la faîtière des médecins cantonaux. Ça n’est qu’à ce stade que le service cantonal – responsable de générer les codes – produit une combinaison à douze chiffres qui doit être activée dans Swisscovid dans les 24 heures suivantes sans quoi elle devient invalide. Le président des médecins cantonaux souligne que s’il «y a effectivement des retards dus aux services cantonaux, il faut en trouver la raison et les éliminer».

Le médecin informe avoir l’intention de revoir les procédures sur lesquelles il est possible d’agir pour éviter ce type de situation: «Tout raccourcissement du chemin entre le diagnostic et l’envoi du code est à saluer car cela réduit aussi les possibilités d’erreurs».

«Problèmes solubles»

Marcel Salathé, responsable du groupe d’experts en épidémiologie numérique de la task force Covid-19 de la Confédération, recommande que le code soit remis simultanément au résultat du test: «Le système pour générer le code est trivial. Cela peut être exécuté en quelques minutes. En amont, il est important de sensibiliser les médecins à l’importance de leur rapidité d’action».

Pour le directeur du laboratoire d’épidémiologie numérique du Campus Biotech à Genève et fondateur de l’Extension School de l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne, il s’agit de «problèmes organisationnels faciles à résoudre et sur lesquels il faut agir tout de suite de sorte à ce que l’utilité de l’application ne soit pas remise en question». Mais pas de quoi remettre en question la légitimité et l’efficacité de l’outil téléchargé par un quart de la population suisse. Selon l’OFSP, 14% de la population l’utilise activement, part qui aurait tendance à stagner voire baisser.

Autre problème, la différence entre les codes générés et ceux saisis dans l’application. Sur ce point, Marco Stücheli note plusieurs explications possibles: les employés des organismes cantonaux de recherche des contacts génèrent des codes à des fins de test ou de formation, les patients concernés peuvent introduire des codes erronés, ne pas respecter le délai de 24 heures ou tout simplement décider de ne pas utiliser le code. Un dernier cas de figure que Marcel Salathé déplore tout en rappelant que l’utilisation de l’application est volontaire à toutes les étapes et fait appel au sens de responsabilité et de solidarité de chaque citoyen. Pour l’épidémiologiste, il ne faut pas que cela change. LA LIBERTÉ

La fausse mort d’un jeune Bernois

L’annonce en a heurté plus d’un. En fin de semaine dernière, les autorités ont communiqué le décès d’un jeune homme âgé de 20 à 30 ans, qui aurait succombé au coronavirus, malgré son bon état de santé et l’absence de maladies préexistantes. S’exprimant en conférence de presse, le responsable de la Division des maladies transmissibles de l’Office fédéral de la santé publique, Stefan Kuster, avait confirmé la mort. Celle-ci n’a cependant (heureusement) jamais eu lieu. Le jeune homme en question n’est pas décédé de la maladie Covid. La fausse mauvaise nouvelle provient d’un problème dans la saisie des données par les services du canton de Berne, qui ont publié un démenti en fin d’après-midi vendredi. L’Office fédéral de la santé publique a suivi et adapté ses statistiques en conséquence. LL

Suisse Igor Cardellini Covid-19 Swisscovid

Connexion