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Le réchauffement est déjà là

Jacques Pous met en avant les canicules de plus en plus fréquentes dont souffrent certains locataires, surtout les plus âgés.
Climat

J’ai le privilège, comme des milliers de personnes, d’habiter dans l’un de ces immeubles qui constituent des séries de barres d’immeubles partout dans le pays et dans le monde. J’ai essayé durant les mois d’avril, mai et juin de poser une question qui me paraissait importante et urgente pour avoir pratiqué durant les dernières années les canicules successives qui ont frappé le canton de Genève et surtout les personnes les plus fragiles, malades, handicapés, vieillards ou toute personne qui n’a pas les moyens financiers de partir en ­vacances.

J’ai envoyé des lettres à ma régie, à ma municipalité de Thônex, à la DGS (Direction générale de la santé) et à l’OCEN (Office cantonal de l’énergie), à l’Asloca, l’Avivo, à des partis de gauche tels les Verts et les Socialistes-Genève ainsi qu’à quelques individualités de la gauche radicale. A part l’Asloca, avec laquelle j’ai pu avoir un début de discussion, je n’ai reçu que des réponses officielles dont l’une me précisait que si j’étais malade, je pouvais obtenir une climatisation en remplissant tout un tas de papiers, mais sans me dire à qui serait envoyée la facture. Or le problème est que, malgré mes 85 ans, je ne suis pas malade, mais que ce sont les canicules successives qui me rendent malade et rendent malades les milliers de personnes qui souffrent de la canicule, à tel point que les plus fragiles en meurent. La question ne concerne donc pas une personne mais tout le monde, et d’abord les plus fragiles; elle est donc éminemment politique.

Je sais que ceux qui ont la parole proposent de nombreuses solutions à moyen et très long terme pour lutter contre les effets sur l’homme de la canicule que doivent supporter non seulement les milliers de personnes fragiles, mais également tous ceux qui, après leur travail, aimeraient enfin pouvoir récupérer malgré les températures relevées fin juillet dans mon appartement. En moyenne, la température oscillait entre 28 et 29 degrés tous les soirs et partie de la nuit entre le 28 et le 31 juillet.

Les politiques, en particulier, les Verts parlent encore de transition climatique alors que le réchauffement climatique n’est pas à venir, il est déjà là. C’est à partir de la réalité, à partir de ce que l’on peut démocratiquement faire accepter par les citoyens qu’il faut, bien sûr, essayer de sauver la planète mais, non pas au nom de lendemains verts qui chanteraient, mais au nom de ce que maintenant on peut faire pour les êtres humains. On a laissé passer le temps où l’on pouvait encore gérer la question en remplaçant les énergies fossiles par l’énergie atomique, même si cela posait beaucoup de problèmes, tout en développant les énergies propres qui ne pouvaient pas rapidement être les seules énergies ­disponibles.

Puisque le réchauffement climatique est là et qu’il va, quoi qu’on fasse, s’aggraver les vingt ou trente prochaines années, il faut donc attendre de la politique qu’elle règle la question des conditions de vie des femmes et des hommes d’aujourd’hui qui vivent dans les conditions les plus précaires en ce qui concerne l’habitat et le réchauffement climatique. Non pas dans trente ans, mais dans les deux ou trois années qui viennent. Et cela n’est possible que par une climatisation installée par le propriétaire dans une pièce de chaque appartement loué; à moins que l’on propose un autre moyen qui arriverait au même résultat dans le même laps de temps et disponible pour tous ceux qui en ont besoin. C’est bien la seule solution rapide qui existe. On chauffe, si c’est nécessaire, l’hiver; on refroidit, si c’est nécessaire, l’été.

Jacques Pous,
Thônex (GE)

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