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Netanyahou: «C’est pas moi»

REMERCIEMENTS
AU PIED DU MUR

«Des dirigeants du monde entier me contactent pour comprendre comment nous avons réussi à vaincre la pandémie du coronavirus», s’est vanté il y a quelques mois le premier ministre Benyamin Netanyahou, qui s’est évidemment attribué, dans d’innombrables apparitions télévisées, les succès réels de la politique mise en place par les autorités sanitaires. Aujourd’hui, avec la seconde vague, il préfère laisser la parole au ministre de la Santé. Car nous vivons une catastrophe, sanitaire et économico-sociale, dont Netanyahou est pourtant le principal responsable.

Sous la pression des lobbys économiques et financiers, le premier ministre, celui qui disait tous les jours «je», «je», «je», a déconfiné d’un coup, malgré l’opinion défavorable du Ministère de la santé, poussant la professeure Sigal Sadetzki, responsable de la lutte contre le coronavirus, à démissionner. Et c’est la catastrophe: malgré les techniques d’espionnage des services de renseignement de l’armée, la pandémie explose, partout, et le retour au confinement généralisé ne pourra pas être évité encore longtemps.

Un des effets de la mauvaise gestion du coronavirus est une crise économique et sociale sans précédent: plus d’un million de chômeurs, et, pour la première fois depuis un demi-siècle, la pauvreté pour des dizaines de milliers de ménages. Le très officiel Conseil pour la sécurité alimentaire parle de milliers de familles menacées par la faim.

« C’est du pipeau »

Face à cette réalité sociale, le gouvernement est totalement sourd. Pire, arrogant à la Marie-Antoinette: le ministre (de rien du tout comme nombre de ses collègues) Tsahi Hanegbi ironise sur ceux qui mentionnent la pauvreté: «C’est du pipeau», a-t-il osé déclarer, avant d’être obligé de s’excuser.

Au même moment, une commission parlementaire autorise un budget illimité (sic) à l’entretien de la résidence privée de la famille Netanyahou, à Césarée, et réduit substantiellement la dette du premier ministre au fisc. Les inconditionnels du millionnaire Netanyahou mènent une campagne médiatique qui décrit le résident de la rue Balfour comme quelqu’un qui n’a pas un sou, et pourtant se sacrifie pour l’Etat. On en a les larmes aux yeux et on cherche dans nos poches quelques sous pour qu’il puisse nourrir sa famille (dont le budget domestique extravagant est entièrement payé par l’Etat).

Le gouvernement Netanyahou-Gantz est le plus grand de l’histoire d’Israël: plus de quarante ministres et secrétaires d’Etat, dont une moitié sans fonction définie, mais avec bureau, secrétaires, voiture de fonction. Quarante ministres et sous-ministres, c’est-à-dire un tiers du nombre total de parlementaires. Corruption, gabegie et mépris du peuple sont l’arrière-fond d’une politique sanitaire et économique inexistante. La question qui reste suspendue est combien de temps la majorité confortable dont jouit le gouvernement à la Knesset va continuer a soutenir inconditionnellement un «chef» (comme ils disent) qui n’est motivé que par ses intérêts personnels et essentiellement préoccupé par les procès en cours pour corruption aggravée.

Notre chroniqueur est militant anticolonialiste israélien, fondateur du Centre d’information alternative (Jérusalem/Bethléem).

Opinions Chroniques Michel Warschawski

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lundi 8 janvier 2018

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