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Espoir grâce au traçage?

José Sanchez se montre sceptique face au projet d’application de repérage des contacts.
Pandémie

De multiples projets informatiques se présentent comme miraculeux et susceptibles d’être de vrais instruments dans la lutte contre la pandémie, comme le PEPP-PT présenté dans votre édition du 20 avril.

Sont passées sous silence deux conditions pourtant indispensables:

1) Pour pister les cas, encore faut-il les connaître. Le dépistage à large échelle préalable est nécessaire. Pas uniquement pour les besoins technologiques. En effet, comment combattre un virus dont on ignore la présence? Le dépistage massif devrait constituer l’un des piliers d’une politique sanitaire efficace afin de repérer très vite les personnes contaminées pour pouvoir les isoler dans un environnement médicalisé. Au lieu de cela, on leur demande de se confiner et d’être leur propre infirmière et leur propre médecin dans leur propre logement. La responsabilité individuelle rime avec médecine libérale et économies des dépenses.

Les gadgets de traçage vont-ils nous sauver? Comment sauront-ils reconnaître les heureux porteurs du virus? Les promoteurs indiquent que pour «être réellement effective, une telle application devrait être utilisée par 60% de la population». Cela signifie donc que 60% au moins devra être testée. Nous en sommes très loin. Et il faut des tests de contamination, pas des tests de séropositivité. Puisque l’objectif est d’éviter de nouveaux contacts avec des personnes infectées asymptotiques.

2) Les applications sur smartphone sont présentées comme aussi naturelles que l’air que nous respirons, étant admis que toute la population est l’heureuse propriétaire de ce gri-gri moderne. S’il faut, pour tracer une épidémie, exiger que toute la population soit équipée de gadgets fabriqués en Chine, ce projet ressemble à une vaste arnaque. Cet aspect est tout aussi pertinent que la question de la confidentialité des données, qui est lui largement évoqué.

La dépendance technologique à une connexion Internet est tout aussi problématique. Aujourd’hui, l’accès à internet n’est ni gratuit, ni généralisé. Il existe encore de grands écarts de qualité et de couverture de connexion, même dans un petit pays comme la Suisse.

Un plan de dépistage massif, avec tous les moyens matériels et humains nécessaires a pu être mis en place en deux semaines en Corée du Sud. Cela a permis d’isoler très rapidement les personnes infectées et de les suivre très tôt dans leur maladie. Avec l’usage intensif des masques de protection en public, ces pratiques sanitaires ont réduit considérablement le nombre de victimes de cette épidémie (240 décès pour 51 millions d’habitants). Face aux aventures «technoptimistes», il est utile de rappeler quelques principes essentiels de santé publique.

José Sanchez,
La Chaux-de-Fonds

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