On nous écrit

Se préparer à l’inéluctable

Arnaud Janin souhaiterait que la question climatique soit présente dans les débats politiques.
Climat

La fusion des deux communes de St-Légier et Blonay sera soumise à votation populaire le 17 mai prochain. La campagne est lancée par les tenants du oui et du non. Les débats citoyens du 2 et du 7 avril seront-t-ils bien suffisants pour faire entendre les voix diverses qui voudraient s’exprimer?

A la lecture des sites internet respectifs des deux camps, on peut constater que n’est pas évoquée une problématique qui va pourtant fortement nous occuper dans les années à venir, à savoir la crise climatique, environnementale et sociale en cours, crise systémique avec des points de bascule déjà franchis. Tout cela ne relève pas de l’idéologie, mais de données scientifiques aussi solides que celles concernant les lois de la gravité et de la mécanique céleste.

C’est à un bouleversement de notre monde auquel nous sommes confrontés, à tel point qu’il existe même une incertitude quant à la possibilité de survie de l’espèce humaine d’ici une ou deux générations. Autrement dit demain. Les alertes répétées depuis près de 50 ans n’ont strictement rien changé à nos comportements. Savoir n’est pas croire, écrit le philosophe Jean-Pierre Dupuy 1>. Jean-Pierre Dupuy, Pour un catastrophisme éclairé, Quand l’impossible est certain, Essai (poche), 2004.

Nous vivons quotidiennement une situation de dissonance cognitive. Tous les feux clignotants sont au rouge, et pourtant le contenu des messages des politiques, des médias, des publicitaires, reste inchangé: investissements, croissance, travaux, profits, commerce international, extractions, voitures, pesticides, nouvelles technologies…

Dans un petit ouvrage intitulé «Ne plus se mentir», Jean-Marc Gancille propose d’arrêter de s’illusionner, d’accepter le tragique de la situation2>Jean-Marc Gancille, Ne plus se mentir, Petit exercice de lucidité par temps d’effondrement écologique, Editions Rue de l’Echiquier, 2019., de nous confronter à l’inéluctabilité de la catastrophe. Bien que conscient que le messager d’un tel propos puisse être qualifié d’irresponsable et s’exposer à l’opprobre général, Gancille indique que cette position n’est pas synonyme de résignation au fatalisme. Se confronter à l’inéluctable, c’est aussi reconnaître que nous entrons dans une période de changements profonds sans retour en arrière possible. Il va falloir alléger nos modes de vie et partager.

Dans quelque direction que nous regardions se profilent désordre, violence, montée des populismes. Pour traverser les épreuves auxquelles nous allons être confrontés, nous aurons besoin de puiser dans les valeurs qui nous permettront de faire face: courage, lucidité, justice, solidarité. C’est à ce travail de préparation à l’inéluctable que les habitants des deux communes de St-Légier et Blonay doivent s’atteler, avec ou sans fusion.

Arnaud Janin,
conseiller communal Les Verts, St-Légier

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