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Il fait chaud? Vite, la clim’ à fond!

EST-CE BIEN RAISONNABLE?

La COP 25 qui vient de se terminer à Madrid n’a débouché sur aucun résultat tangible, comme il fallait s’y attendre. Une nouvelle grand-messe où les uns et les autres ont sonné les mêmes alarmes, ânonné les mêmes recommandations, sans que cela ne provoque de véritable électrochoc du côté des décideurs. Chacun joue sa partition. Tels les pays africains qui ont de nouveau déploré que l’argent promis par les principaux pays pollueurs pour les aider demeure lettre morte; tout comme les promesses de nouvelles règles sur le marché des carbones, qu’ils appellent de leur vœux. Dans le même temps, les ONG ne font guère mystère de leurs craintes de voir les montants promis pour aider les pays dits pauvres à lutter contre les changements climatiques détournés à d’autres fins.

Pendant que ces grands raouts réunissent, en vain, des milliers de représentants venus du monde entier, le changement climatique est déjà une réalité sur le continent africain – qui ne représente que 4% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde. «Tout est mélangé», y entend-on souvent. Une expression qui résume bien la nouvelle donne climatique dont pâtissent aussi bien les villes que les campagnes: une saison des pluies aléatoire, plus précoce, retardée ou carrément portée disparue; des pluies d’une violence inouïe qui s’abattent d’un coup, provoquant des inondations, des flots continus qui emportent tout sur leur passage; des sécheresses d’une ampleur sans précédent, comme celle qui affecte actuellement l’Afrique australe et assèche de manière spectaculaire les chutes Victoria à la frontière entre la Zambie et le Botswana, un lieu mythique, transformé en funeste symbole de ce qui est en train de se jouer.

Face à cette urgence, dans les pays concernés, les frémissements annonçant des mesures drastiques se font toujours attendre. Contrairement aux pays européens où la question du changement climatique est omniprésente dans les débats politiques, au cœur des préoccupations de la population qui multiplie actions et prises de position, en Afrique, la question ne fait pas la une. Il est piquant de constater que l’angoisse ressentie en Occident face à l’avenir de la planète est quasiment absente ici, où d’autres problèmes sont à l’ordre du jour. Et du côté des autorités africaines, prises en tenaille entre une dette colossale, les injonctions des institutions financières internationales et les initiatives faisant la part belle aux multinationales, la voie est étroite. Et périlleuse pour les responsables qui voudraient privilégier les intérêts des populations locales au détriment de ceux du «business mondialisé», lequel se rue actuellement à l’assaut d’un continent africain considéré comme la «frontière ultime» pour l’acquisition de nouvelles parts de marché.

Alors qu’il est démontré qu’une agriculture familiale de proximité est meilleure pour le climat, l’agrobusiness est partout à la manœuvre pour faire main basse sur les terres, chasser celles et ceux qui les cultivent depuis des lustres, et y implanter à perte de vue des monocultures de rente qui seront exportées vers la Chine ou les pays occidentaux afin d’alimenter le marché mondial. Des accords commerciaux internationaux continuent à être signés, qui plombent encore davantage le climat, car favorisant les circuits délirants que nous connaissons aujourd’hui.

Dans les capitales africaines, les embouteillages monstres provoqués par des voitures et une essence souvent plus polluantes qu’en Europe génèrent un taux de particules fines plus qu’alarmant. Pour tenter d’échapper à la pollution de l’air ainsi qu’à une chaleur qui devient insupportable, celles et ceux qui en ont les moyens vivent avec la climatisation en permanence. A domicile, dans leur voiture et sur leur lieu de travail. Or on sait désormais que les fluides réfrigérants utilisés dans les climatiseurs émettent des gaz à effet de serre et contribuent donc à renforcer le changement climatique.

Notre chroniqueuse est journaliste.

Opinions Chroniques Catherine Morand

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lundi 8 janvier 2018

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