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Un naga baba au Grand Conseil!

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Ainsi, une décision de justice veut désormais que les député-e-s au Grand Conseil genevois soient autorisé-e-s à porter des signes religieux ostentatoires, sous prétexte de mieux représenter la réalité de ceux qui les mandatent. Les braves «démocrates» qui sont à l’origine de cette situation1 n’ont pas mesuré deux réalités évidentes. D’abord la sottise sans limites des mythes de nombreuses pratiques religieuses, et pas forcément les plus anecdotiques. Ensuite l’appétit de conquête et de puissance des principales religions, qui n’a d’égal que leur mépris de leurs concurrentes et leur haine d’une laïcité qui limite (bien peu) leur emprise sur les enfants, les foules conditionnées et les faibles d’esprit.

La laïcité est le seul pare-feu contre les tentatives de prises de pouvoir des sectes, réussies ou non, comme celles des évangélistes au Brésil et aux Etats-Unis, des wahhabites en Arabie ou des partis intégristes juifs et musulmans en Palestine. La laïcité est un principe constitutionnel qui voudrait que chacun respecte la liberté de pensée des autres, comme droit élémentaire des citoyens. Que personne ne soit soumis à des injonctions et prescriptions arbitraires de la part d’autres personnes ou d’organisations prosélytes. C’est un idéal qui a, en particulier, pour conséquence la liberté de recherche scientifique et philosophique, juste limitée par l’interdiction de nuire qui fonde l’éthique.

Contrairement aux religions qui admettent comme vérités incontournables des mythes arbitraires non vérifiés, non démontrables, la démarche scientifique n’admet que des théories et vérités provisoires, qui ont été confirmées par l’observation et l’expérience et disparaissent dès qu’elles sont réfutées par les faits. C’est le seul moyen de mettre les gens d’accord sur l’état du monde! Dans l’état actuel des choses, aucune société ne réalise l’idéal laïque de la liberté de pensée pour tous, même si certaines l’affichent encore. De plus en plus de pays et de subcultures lui tournent le dos, par exemple en interdisant l’enseignement de l’histoire scientifique de la vie, comme dans les sectes fondamentalistes de toutes les «religions du livre» et bien d’autres. Le talon d’Achille de la laïcité est évidemment l’éducation, que les sectes cherchent à s’approprier pour continuer à diffuser leurs récits arbitraires, leurs contes et légendes à fort contenu émotionnels, souvent terrifiants, cruels, presque toujours intolérants et xénophobes.

Une éducation laïque peut seule permettre aux enfants de choisir et d’exercer cette liberté fondamentale qu’est la liberté de conscience. Elle se doit d’arriver avant que les conditionnements religieux aient transformé les enfants en marionnettes dont les parents et les prêtres tirent les ficelles. Or elle arrive forcément après l’éducation familiale qui, bien souvent, a déjà fait un mal irréparable, y compris au sens strict, quand il s’agit des mutilations génitales féminines et masculines. La liberté des enfants passe donc forcément par une lutte contre la «liberté d’opprimer» des parents et des prêtres!

Alors voilà que l’on veut des signes religieux au Grand Conseil. Ils seront portés, à coup sûr, par des sectaires communautaristes et militants qui auront pour premier souci d’éclater la communauté républicaine et laïque. S’il ne s’agissait que de foulards, comme ceux de la prétendue vierge Marie ou de ma maman, qui n’était pas plus religieuse que Fatima mon épicière, ou bien de la kippa qui cache la calvitie de Jérôme, tailleur d’à côté, il n’y aurait bien sûr rien à redire!

Mais on peut compter sur les curés qui, d’Ecône, enverront des soutanes coincées éructantes ou sur des salafistes déguisés en Iznogood qui feront mandater des femmes en burqa pour semer la zizanie! Pour lutter contre cette décision inepte et ramener la paix religieuse par l’absurde, il convient donc d’élire, au plus vite, au Grand conseil un naga baba, c’est à dire un sâdhu qui ne se déplace qu’à poil, couvert de cendres et armé, souvent du trident de Shiva, dieu de la destruction, de l’illusion et de l’ignorance.

Chroniqueur énervant

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lundi 8 janvier 2018

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