On nous écrit

J’ai mal à mon Amazonie

Mario Cifali livre une lecture psychanalytique du désastre écologique que subit notre planète.
Société

Tonnerre. La forêt amazonienne continue de brûler de plus belle. Notre terre, notre arbre-monde est en feu. C’est une catastrophe. C’est une révélation de la folie des hommes qui ont perdu le contact avec Mère Nature et son sens premier. Mieux, un symptôme de ces hommes qui sont aliénés par l’insidieux fantasme, aux revers pervers, de la «mère à tuer», – qu’il s’agisse d’un Président tel Lula, d’un Bolsonaro, d’un Trump ou de ses serfs.

J’aime les arbres et les citoyens qui habitent les forêts. J’ai vu trop de désastres écologiques en ce monde pour ne pas réagir en révolté face à la forêt en feu. Force m’est de constater une réalité. On produit du désert de cendres comme on produit du soya ou de l’huile de palme, sans se soucier des conséquences létales pour la santé de la planète.

Juger de la réalité est préférable aux illusions des forbans. Psychanalyste, j’ai acquis la certitude que rien ne changera de la marche funeste du monde si les hommes ne changent pas. Raison pour laquelle, il importe d’entendre et, pour ce faire, il faut descendre en soi-même afin de prendre acte d’un jugement, tel celui susurré par Milan Kundera: «C’est pour bientôt la fin…» – Attendu qu’il n’y a rien d’extérieur qui ne soit intérieur.
Inexorable, la machine infernale est en marche, au Brésil et ailleurs, en dépit des multiples plans sur la comète, des projections politiques, pour la plupart faites de discours qui s’avèrent être des alibis honteux face au déferlement destructif.

Prédicateurs des lendemains qui chantent, politiques hypocrites, un funeste déni de réalité vous habite. Plus que cela, vous restez de marbre, déjà morts comme arbre mort, parce que vous êtes analphabètes en amour, tant envers l’avenir de la nature qu’envers vos enfants. De jour en jour, vous participez de l’actualisation d’une mortelle détérioration, loin de l’existence édifiante. Vous fabriquez du désastre, puis contemplez vos ruines en bronchant à peine.

Votre pseudo progressisme, garanti au nom de la science, voire de la raison innovante, n’a de cesse de creuser la fosse du pire parce que, hommes sans foi ni loi fraternelle, vous n’avez en tête que de froids calculs, des intérêts asservis aux multiples perversions du système. Examinez, je vous prie, les conséquences de votre machine infernale, tout au service de la cupidité: elle blesse les âmes et les corps, étrangle l’espoir de sauver la terre, notre unique paradis.

Vous devriez le savoir, mais peu vous chaut d’être éclairés, car vous êtes la cause et l’effet de la tragédie en cours. Pourquoi? Parce que vous pratiquez une politique insane, bétonnée par vos intérêts narcissiques. Bouchez vos yeux et vos oreilles, c’est votre inclination contre-nature malgré ce que vous prétendez. Au vrai, vous défendez inconsciemment le viol de notre planète, sinon – je vous le dis en aparté – vous risquez d’être sacrément insatisfait dans votre for intérieur.

«Vous avez vu! Vous avez vu! Je ne parle pas moi! Je marche dans le feu! Qui m’eût suivi jamais, parmi vous!», écrit Victor Segalen dans La Marche du feu.

Mario Cifali,
psychanalyste (GE

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