Édito

La tête dans le sable, il fait plus frais?

La tête dans le sable, il fait plus frais?
Si l'UDC reflue, c'est la faute à la presse, selon son président, Albert Rösti. KEYSTONE-A
Climat

L’UDC a donné de la voix ce mardi lors d’un point de presse pour pourfendre la gauche et les Verts et dénoncer «une arnaque écolo-socialiste» à propos des enjeux climatiques. Des propos qui viennent en écho d’un tout-ménage de la formation blochérienne qui a inondé nos boîtes aux lettres.

Le ton est volontiers provocateur – socialistes et Verts sont dépeints en diables ou en porcs se gobergeant de subventions – comme l’affectionne le parti. On est partagé entre la stupéfaction et la compassion. De fait, la droite populiste est en perte de vitesse. La faute à la presse, selon son président, Albert Rösti, pour expliquer son recul lors des derniers rendez-vous électoraux. Et il est vrai que les thèmes mobilisateurs de ces derniers mois ne siéent guère à la formation politique. Ni la question du climat ni la formidable mobilisation féministe du 14 juin ne vont alimenter son robinet électoral.

Du coup, le tout-ménage tente un retour aux fondamentaux: tout cela, le changement climatique et les violences faites aux femmes, c’est la faute aux immigrés. Ces envahisseurs boivent notre eau et mutilent leurs femmes… Le tout nimbé d’un discret halo de climato-scepticisme.

Pas sûr que cela suffise à relancer l’extrême droite. On est plutôt dans le cas d’un repli sectaire. Et l’UDC va se retrouver fort démunie pour véritablement peser dans ce débat. Un récent sondage Tamedia montre pourtant que la moitié des ses électeurs estiment que leur parti devrait davantage s’engager pour le climat.

Et, plus largement, le clivage au sein du bloc conservateur est révélateur de son décalage par rapport au réel. Le Parti libéral-radical (PLR), plus qu’à la traîne sur ces questions, a dû empoigner le dossier, via un papier de position, soutenant notamment l’objectif du Conseil fédéral d’une neutralité carbone à l’horizon 2050. Un texte qui se refuse en revanche de rompre avec certaines logiques productivistes, notamment en professant une croyance aveugle dans les mécanismes de marché ou en invoquant le dieu science qui nous sortira de cette mauvaise passe, par exemple grâce aux OGM.

Mais l’urgence est telle que cela ne suffira évidemment pas. Ni la politique de l’autruche udéciste ni le replâtrage libéral ne sont à même de fournir des réponses à la hauteur des enjeux qui exigent de faire table rase du passé.

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