Vaud

«On a littéralement mis le feu!»

Dès la nuit de jeudi à vendredi, les Lausannoises étaient des centaines à lancer la grève.
Brouillon auto 162
Place de la Riponne, c’est aux cris du slogan «les femmes sont dans la rue, patriarcat t’es foutu !» qu’un feu a été allumé. SKN
Grève des femmes

«C’est la grève!» Les paroles qui retentissent depuis la cathédrale de Lausanne résonnent en ce 14 juin à minuit pile. En six cents ans d’histoire, c’est la première fois que des femmes – autoproclamées «guettes» – ont remplacé le célèbre guet du monument. Elles ont donné le coup d’envoi de la grève féministe depuis un beffroi qui surplombait plus de 500 manifestantes. Les places du centre et les rues de toute la ville ont été envahies par les grévistes.

La grève féministe a sonné

Elles s’attendaient à être une centaine, elles furent 500, à se réunir dès 23h30. L’habituel silence de la place de la Cathédrale en a pris un coup. Casseroles clinquantes, trombones coulissants, tambours battants et, surtout, des slogans combatifs ont fait vibrer le quartier de la Cité. «Féministes! Anticapitalistes!», le ton est donné: il sera «fier et fort» lit-on sur une banderole. «Nous sommes les voix de celles qui ne peuvent pas crier», pouvait-on encore découvrir sur une autre pancarte. Le silence n’a repris que momentanément ses droits pour laisser la place aux quatre guettes qui, sur le coup de minuit, ont rappelé le mot d’ordre de la journée: «C’est la grève!»

Pour Marine Ehemann, membre du Collectif Vaud, ça y est. «C’est incroyable d’être aussi nombreuses. Après une année de travail, on voit qu’on n’est pas toutes seules et, qu’ensemble, on va faire changer les choses!»

La rue est à elles

Place de la Riponne, c’est aux cris du slogan «les femmes sont dans la rue, patriarcat t’es foutu!» qu’un feu a été allumé. Articles sexistes et symboles du pouvoir masculin y périssent, jetés par des manifestantes jusqu’à 2h du matin. A cette heure tardive, certaines sont déjà parties pour une action commando: «Sur soixante rues au patronyme de personnalités, seules trois arborent le nom d’une femme, souvent ‘fille ou épouse de’. On va les rebaptiser», se réjouit Margaux, l’une des instigatrices de l’opération ruELLES, qui a vite essaimé. Carte à la main, une trentaine d’activistes s’affairent. La rue Auguste-Pidou est renommée en l’honneur de l’écrivaine vaudoise Alice Rivaz. «Cette journée consiste également à dénoncer l’invisibilisation des femmes dans l’espace public», rappelle Eliza. Alors que les cendres s’évaporent sur la Riponne et que des militantes partent tracter dans les boîtes de nuit, Tamara Knezevic, secrétaire du Collectif vaudois de la grève, n’en revenait pas: «C’est un moment réellement émouvant et fort politiquement. On a littéralement mis le feu ce soir! Et la journée ne fait que commencer.»

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