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Le train retombe sur ses roues

Le train retombe sur ses roues
La demande pour les voyages en train est en croissance. KEYSTONE
Transport

Plus de 60% des Suisses voyageraient volontiers en trains de nuit en Europe, mais l’offre fait défaut, constate un sondage exécuté par l’institut gfs sur commande de l’Association transports et environnement (ATE). Enfin! Urgence climatique oblige, la demande dans les transports se rééquilibre en faveur des trains, de nuit notamment, plutôt que des vols low cost.

Cela reste suspendu au bon vouloir des voyageurs, saupoudrés de rachat de bonne conscience et de droit de polluer à coups de «compensation carbone». Mais l’aberration des voyages où l’on paie moins cher son billet d’avion qu’un taxi menant à l’aéroport est de mieux en mieux prise en compte.

A qui la faute de ce manque d’offres décrié? Voilà des années que les compagnies ferroviaires européennes sabrent dans ce secteur. Depuis 2009, les CFF ont abandonné les destinations au-delà de quatre à six heures de voyage à partir de la frontière suisse en raison de la concurrence des avions à bas prix. Autre argument: la nécessité de remplacer les wagons-lits arrivés en bout de course. Un cas édifiant où la vision du profit à court terme a eu raison d’un investissement bénéfique pour l’environnement.

En 2015, dans l’indifférence générale, la Deutsche Bahn mettait fin à la dernière offre reliant la Suisse à Hambourg, Berlin, Dresde, Amsterdam et Prague. Seule une trentaine de manifestants regrettaient de voir démanteler des lignes et un savoir-faire précieux. Ils s’étaient entendus répondre que leur aspiration à voyager en train de nuit ne correspondait plus aux habitudes des voyageurs. Leur demande était surtout incompatible avec la concurrence déloyale du transport aérien dans un monde où la pertinence d’une taxe sur le kérosène fait encore débat…

Un «fort mauvais poète» le disait bien: «Le train retombe toujours sur toutes ses roues.» A l’heure où, à Berne, une interpellation de Jürg Grossen (Vert’libéraux, BE) et une motion du socialiste Mathias Reynard (VS) demandent sa réintroduction, on espère que le train de nuit confirme la règle.