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Propriétaires aux fantasmes hollywoodiens

En dépit de leurs allégations, les propriétaires de villas ne sont pas tous des artisans actifs du maintien de la biodiversité, selon Violaine Petite.
Genève

Selon l’association Pic-Vert et ses adhérents qui s’expriment souvent dans les médias, les zones villas sont définies comme poumons de verdure… Las. Il suffit de faire le tour du canton pour remarquer qu’à bien des endroits, des arbres, des arbrisseaux, des haies vives essentielles pour les insectes, les oiseaux ont été remplacés par des clôtures grillagées – de véritables ghettos électrifiés, interdisant tout passage à la petite faune des campagnes – enrobées de laurelles et de thuyas impropres à la vie. Pire, de hideuses toiles vertes s’additionnent à ces importants murs végétaux. Des gazons stériles, gourmands en eau potable, tondus par des robots, ont pris la place des prés fleuris.

D’autre part, alors que le citoyen lambda est appelé à respecter certaines priorités – neuf sont recensées  – concernant l’économie d’eau, or bleu, dans les maisons, les propriétaires de piscines privées, eux, ne sont jamais questionnés… A Genève, il y a 4500 piscines privées qui sont raccordées, ce qui représente 267 000 m3 d’eau par an (volume calculé sur la base d’une piscine de 10 m sur 5 m, profonde de 1,50 m). Ce à quoi il faut ajouter l’iode, le brome, l’eau de nettoyage chargée en détergents acides, l’eau de javel…. Ce décompte n’inclut pas les piscines temporaires, qui occasionnent également une consommation d’eau et des rejets dans les lieux naturels. La prochaine guerre sera celle de l’eau! L’Office des autorisations de construire ne pourrait-il pas, lui aussi, prendre ses responsabilités dans ce domaine et ne plus donner d’autorisations pour ce genre de constructions?

Quant à la pollution lumineuse, que ce soit autour des villas et des piscines (fantasmes hollywoodiens), dans l’herbe, contre les murs, les haies d’accueil, nombre de gadgets détruisent inutilement la nuit… alors que les propriétaires sont à l’intérieur! Et les multiples détecteurs de présence, agressifs et blafards, déclenchés par le vent et autres mouvements, ils dérangent les oiseaux ainsi que d’autres animaux dépendant de la nuit pour se nourrir et se reproduire. Cette faune déserte les lieux.

Les «anciens» qui luttent depuis plus d’un siècle pour la préservation de la nature, même s’ils ne font pas tout juste, voient leurs efforts anéantis en quelques semaines par beaucoup de néopropriétaires inconscients des dommages qu’ils causent à l’environnement.

L’auteure habite à Vernier (GE).

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