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Il ne peut y avoir que des inconvénients

L’ingénieur retraité Rodolphe Weibel, qui a élaboré un projet alternatif pour le développement du réseau ferroviaire genevois sur la rive droite, réagit à notre article du 24 avril en répondant à certains arguments du Département des infrastructures (DI).
Mobilité

Les raisons avancées par le Département des infrastructures (DI) du canton de Genève pour rejeter ma conception du futur réseau ferroviaire ne résistent pas à un examen objectif et serein.

1. La boucle qu’achève de dessiner le tronçon nouveau Aéroport-Genthod-Bellevue aura pour effet que les trains visitant Genève n’auront plus à parcourir deux fois le tronçon Cornavin-Aéroport, la première fois à l’aller, la seconde au retour: arrivés à l’aéroport, ils continueront tout droit, après un arrêt de deux ou trois minutes, plutôt que la dizaine nécessaire au rebroussement. De ce fait, ils seront à même d’effectuer le trajet Lausanne-Genève-Lausanne en une dizaine de minutes de moins, ce qui bouleverserait le système cadencé. A Zurich, nœud fondamental du système cadencé, une nouvelle diamétrale vient d’être mise en service. Jusqu’ici, tout train de grandes lignes accédait à la gare principale en cul-de-sac avant de repartir plus loin en rebroussant chemin. La diamétrale permettrait d’économiser dix minutes, ce qui devrait, selon le raisonnement tenu par le DI, bouleverser le système cadencé. Or il n’en a rien été: la diamétrale a été mise en service sans aucun bouleversement, sans aucune émotion, sans qu’à Genève on n’en perçoive un quelconque effet.

2. La circulation des trains de marchandises n’aurait pas été prise en compte. A une affirmation si peu étayée, je ne peux donner qu’une réponse de même nature: bien au contraire, ce trafic a été pris en compte.

3. Les différences d’électrification dues au voisinage des réseaux suisse et français rendraient problématique l’exploitation. Faudrait-il craindre que la mise en service du CEVA et de Léman-Express, qui franchissent la frontière, rencontrera d’insolubles difficultés? Mais non! La compatibilité des deux systèmes est désormais assurée.

4. Oui, bien sûr, mon évaluation de coût, de 740 millions, peut être erronée. Que penser de l’évaluation avancée par le DI du projet qu’il souhaite, de 4,7 milliards?

Ce qui frappe, dans la position du DI, c’est qu’il ne voit à la solution de la boucle que des inconvénients. Dans le processus de choix d’une solution, il ne suffit évidemment pas pour en rejeter une d’en relever quelques inconvénients. Il faut établir pour chacune d’elle la balance des avantages et des inconvénients. C’est seulement après cette opération que les différentes solutions peuvent être objectivement comparées l’une à l’autre.

Il se pourrait qu’une seule raison suffise à rejeter une solution. Mais alors il ne faut pas en avancer toute une série, de natures et d’importances diverses, il convient de clairement de décrire et expliciter cette raison. Une liste de plusieurs inconvénients témoigne de la vacuité de l’argumentation.

Rodolphe Weibel, Paudex (VD)

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