Édito

Consentir à sauver des vies

Consentir à sauver des vies
Photo prétexte. KEYSTONE
Don d'organes

L’initiative «Pour sauver des vies en favorisant le don d’organes» a abouti mardi et sera soumise au peuple prochainement. Si ce texte est accepté, toute personne décédée sera considérée comme donneuse d’organes à moins de s’y être formellement opposée ou que ses proches le fassent à sa place. Un renversement – du refus à l’accord – qui suscite son lot d’interrogations et d’inquiétudes éthiques. Entre le devoir de tout entreprendre pour sauver une vie et le réflexe immémorial et profondément humain de préserver l’intégrité des défunts, il y a peu d’agnostiques sur cette question.

En Suisse, il semble que la population a fait son choix. Selon l’Office fédéral de la santé publique (OFSP), 80% des Helvètes approuvent le don d’organes. L’an passé, un sondage commandé par Comparis annonçait même que 63% de la population souhaite la mise en place de consentement présumé. Malgré cette confortable majorité, seule une minorité exprime sa propre volonté. Sur 100 personnes favorables, seules 5 portent une carte de donneur. Pour toutes les autres, ce sont les familles qui prennent la décision, alors qu’un tiers seulement connaît le choix du défunt. L’acceptation de l’initiative aurait l’avantage de soulager les proches de l’épreuve de devoir prendre – au pire moment possible – une décision dont ils n’auront jamais la certitude qu’elle reflétait le souhait de l’être aimé.

Ce silence de la majorité de la population conduit malheureusement à une politique de transplantation en échec. Chaque semaine, en Suisse, deux à trois personnes meurent faute d’organes disponibles. Alors que plus de 1500 personnes sont dans l’attente, on n’a dénombré en 2018 que 18,6 donneurs pour un million d’habitants. Un chiffre, il faut le reconnaître, en hausse quasi-constante depuis 2012 (il a baissé en 2016), mais bien loin des quelque 30 donneurs par million d’habitants des pays voisins qui pratiquent le consentement présumé.

Cette initiative a le mérite de prendre le problème en amont, de respecter le choix des personnes opposées au prélèvement d’organes, de soulager les familles qui ne savent pas et d’augmenter sensiblement le nombre de vies sauvées.

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