Édito

Le cadeau de l’ours ou de l’âne?

Le cadeau de l’ours ou de l’âne?
Les conclusions du procureur Robert Mueller, rendues publiques dimanche, ne laissent planer aucun doute. KEYSTONE
États-Unis

Les démocrates rêvaient d’une revanche judiciaire, ils vivent une deuxième déroute sans appel. Les conclusions du procureur Robert Mueller, rendues publiques dimanche, ne laissent planer aucun doute: le complot de Vladimir Poutine et de Donald Trump pour conquérir la Maison Blanche en 2016 n’a existé que dans les têtes des pontes démocrates, incapables de comprendre et d’admettre les causes de la défaite d’Hillary Clinton. Sans doute l’ours russe a-t-il tenté de peser sur le scrutin étasunien – Washington opère de même partout autour de la planète. De là à accuser le candidat Trump de «trahison» il y avait un (faux) pas bien aventureux.

Depuis plus de deux ans, la plupart des médias, pourtant si prompts à dénigrer le «complotisme» ambiant, relaient abondamment cette campagne aux relents maccarthystes, heureux de faire la leçon au président honni. Rien n’était trop beau pour accréditer l’idée d’un pacte passé avec l’ennemi: du prétendu chantage à la sextape en passant par le piratage informatique censément perpétré par l’axe du mal WikiLeaks-Moscou-Trump ou encore les fumeux intérêts russes de la Trump Company.

Au final, 675 jours d’investigation, des auditions et des perquisitions en rafale pour aboutir au néant. Enfin pas tout à fait: maintenu sous pression depuis son élection, Donald Trump – dont chaque geste géopolitique a été observé sous l’angle de cette potentielle «trahison» – a laissé ses projets de détente avec Moscou aux oubliettes. Aligné sur les néoconservateurs qu’il a fait entrer en masse dans son administration, le chef de l’Etat joue aujourd’hui les matamores du «monde libre». On voulait une chute à la Nixon, on a gagné le retour de Ronald Reagan.

Pis, le leader populiste peut maintenant se présenter à bon compte en victime de la propagande démocrate et des fake news. Au risque d’occulter que mensonges et manipulations sont bel et bien au cœur de sa pratique politique…

Sonné, le camp démocrate s’enferre à exiger la publication de l’enquête du procureur, dans l’espoir d’alimenter le doute et son projet de destitution de plus en plus incongru. Il ferait mieux d’assumer enfin sa lamentable défaite de 2016! Inutile de se cacher plus longtemps derrière le fantôme russe, si les démocrates ont perdu l’imperdable élection, ils ne le doivent qu’à eux-mêmes, à leurs manœuvres internes pour favoriser Mme Clinton et à leur incapacité à mobiliser l’électorat populaire déçu par les renoncements de Barack Obama et le profil de leur candidate.

La chance du parti à l’âne est qu’il reste encore dix-huit mois pour faire oublier le rapport Mueller, en concentrant enfin ses flèches sur la politique antisociale, unilatérale et climatocide du président et en dessinant une alternative politique capable de séduire et de changer la vie de la majorité des Etasuniens. A défaut, un Trump revigoré et soutenu par un Parti républicain toujours plus rassemblé pourrait lui (nous) réserver une nouvelle et terrible déconvenue en novembre 2020.

Opinions Édito Benito Perez États-Unis

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