Chroniques

Netayahou menace de détruire le système

AU PIED DU MUR

Le président du groupe parlementaire du Likoud, David Amsalem, menace de mobiliser des centaines de milliers de personne dans la rue si le procureur général Avichai Mandelblit décide de mettre en examen le Premier ministre Benjamin Netanyahou avant les élections législatives du 9 avril – avancées de sept mois par le même Netanyahou. A l’encontre de ce dernier, quatre dossiers de corruption que le parquet vient de ficeler après une série d’enquêtes approfondies.

Comme l’écrit l’ancien ministre travailliste Uzi Baram, Netanyahou «réagit comme le dernier des délinquants», accusant la police, le parquet et le procureur général d’avoir «tricoté un dossier» sur des accusations mensongères et des preuves falsifiées. Pourtant, Avichai Mandelblit et Roni Alsheikh – l’ancien chef de la police dont le Premier ministre n’a pas souhaité prolonger le mandat échu en décembre, même dans l’attente d’un remplaçant – avaient été choisis par Netanyahou en personne pour leur loyauté envers le Premier ministre et sa famille.

Netanyahou est dans de sales draps: ses conseillers les plus proches, dont son ancien chef de cabinet, ont accepté de témoigner à charge, en échange d’une promesse de réduction de peine. Sa réaction est de contre-attaquer en évoquant un complot du parquet et de la police, qui seraient soumis à la pression des médias et de la gauche. Il y a une quinzaine de jours, passé maître dans l’art de la communication et du mensonge, il a tenu l’ensemble des Israéliens et des médias en haleine pendant douze heures, annonçant pour le soir même la tenue d’une conférence de presse (sans journalistes!) d’une importance historique. Une attaque contre l’Iran? une nouvelle invasion de la Bande de Gaza? un accord de paix avec les Palestiniens (quoique invraisemblable)? A 20 h, le Premier ministre annonçait d’un ton dramatique… qu’on lui avait refusé une confrontation avec ses accusateurs, preuve que tout le système est pourri. Seule la deuxième chaîne de télévision a refusé de tomber dans le piège et a poursuivi ses programmes du soir, ignorant superbement ladite conférence de presse.

Du jamais vu dans un pays qui se prétend démocratique: le Premier ministre déstabilise sciemment les institutions et menace de soulever le peuple contre l’entier du système pour sauver sa peau – et surtout un pouvoir que la famille Netanyahou croit inaliénable. Netanyahou se conduit comme ses amis Jair Bolsonaro et Viktor Orban qui, une fois élus, détruisent le système qui les a mis en place pour le remplacer par un système totalitaire, anti-démocratique et xénophobe. Délinquant, a diagnostiqué Uzi Baram. Les psychologues diraient plutôt un jeune voyou qui met à sac sa propre chambre parce qu’on lui a confisqué un jouet…

A l’heure actuelle, les institutions semblent suffisamment solides pour tenir bon face à la campagne de dénigrement et de menaces de la famille Netanyahou et des forbans qui l’entourent. On ne peut pourtant exclure l’éventualité d’un soulèvement populaire orchestré par Netanyahou au cas où Avihai Mandelblit déciderait de franchir l’étape suivante: l’inculpation du Premier ministre pour corruption réitérée. Ce serait alors l’avenir de l’Etat d’Israël qui se jouerait.

Militant anticolonialiste israélien, fondateur du Centre d’information alternative (Jérusalem/Bethléem).

Opinions Chroniques Michel Warschawski

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lundi 8 janvier 2018

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