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Les amis de vacances de la famille Netanyahou

AU PIED DU MUR

Benjamin et Sara Netanyahou ont décidé de passer leurs vacances au Brésil, peut-être les dernières avant que le premier ministre soit mis en examen pour plusieurs affaires de corruption. Des vacances volontairement médiatisées, et avec le bling-bling caractéristique de la famille Netanyahou. Comme dans tous les voyages, privés ou officiels, ils ont amené avec eux Yair, leur voyou de fils – qui, à près de 30 ans, vit toujours chez papa et maman –, aux frais du contribuable.

Netanyahou a décidé de profiter de ses vacances pour rencontrer le nouveau président brésilien, Jair Bolsonaro, peut-être pour pouvoir faire passer les dépenses liées à ce séjour de luxe sur le budget officiel. On dira sans doute que je suis mauvaise langue…
Lors de sa rencontre avec Bolsonaro, Netanyahou a évoqué le renforcement de la coopération militaire entre les deux pays et rappelé son engagement à transférer l’ambassade du Brésil à Jérusalem. Netanyahou a également insisté sur la nécessité d’un changement d’attitude dans les instances internationales où le Brésil de Lula a souvent été en première ligne du soutien aux droits des Palestiniens.

Pas un mot sur l’homophobie, le sexisme et le racisme déclarés et assumés par le président brésilien, ni sur son admiration pour le régime sanguinaire des militaires dans les années 1970. Un des proches de Netanyahou a déclaré à ce propos à la correspondant de Haaretz, Noa Landau: «Netanyahou a ses opinions propre qu’on ne peut diluer [sic], que ce soit sur les femmes ou sur les homos, et on ne peut les mélanger avec ses catégories [à Bolsonaro]. Mais les relations avec un pays comme le Brésil sont très importantes. Nous ne pouvons nous payer le luxe de s’enfermer dans la tour d’ivoire du moralisme… Le Brésil est un immense pays, qui peut être un allié puissant.»

Le premier ministre israélien a évoqué en particulier les possibilités de coopération policière, en termes de formation et d’équipement. Avec l’expérience acquise dans les territoires palestiniens occupés, Israël peut être une source d’inspiration pour les méthodes de répression des homosexuels, des minorités ethniques et de tous ceux que le nouveau président brésilien considère comme des déviants qu’il «est nécessaire d’exterminer».

On n’attend pas de Benjamin Netanyahou qu’il soit l’apôtre du moralisme. Mais de là à s’engager à former la police d’un régime prônant la guerre contre sa propre population au nom de valeurs ouvertement fascistes, il y a un grand pas, que Netanyahou a une fois de plus franchi. Après Orban, les néofascistes autrichiens et l’extrême droite républicaine étasunienne, l’amitié qui se noue entre le gouvernement israélien et le nouveau président brésilien montre que ce n’est pas que du pragmatisme diplomatique, mais bien une communauté de vues avec ce qu’il y a de plus rétrograde sur notre planète. L’année qui s’annonce a d’ores et déjà des odeurs de soufre.

*Militant anticolonialiste israélien, fondateur du Centre d’information alternative (Jérusalem/Bethléem)

Opinions Chroniques Michel Warschawski

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lundi 8 janvier 2018

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