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Enjeu syndical et politique à l’USS

Enjeu syndical et politique à l’USS
Paul Rechsteiner, président de l'Union syndicale suisse, s'exprime devant les délégués lors d'un congres ordinaire du syndicat UNIA en 2016. KEYSTONE/Salvatore Di Nolfi
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Un renouvellement de la présidence attend l’Union syndicale suisse (USS) qui se réunit en congrès à Berne vendredi et samedi. Une succession discutée par une partie de la base, dans la mesure où les deux candidats – la Saint-Galloise Barbara Gysi et le Vaudois Pierre-Yves Maillard – s’inscrivent dans une continuité certaine de la stratégie syndicale menée par le sortant.

Cette approche est contestée en Suisse romande: la Communauté genevoise d’action syndicale renvoie dos à dos les deux prétendants et prône l’abstention. Même l’Union syndicale vaudoise, en plein fief de Pierre-Yves Maillard, a failli – à une voix près – adopter une position similaire!

Il faut dire que la direction de l’USS a été désavouée dans sa politique sur des objets emblématiques comme l’âge de la retraite des femmes ou, maintenant, la RFFA (Réforme de la fiscalité et du financement de l’AVS), contestée par voie référendaire.

Un certain fonctionnement interne est questionné. Celui qui a vu l’USS être transformée en courroie de transmission de compromis négociés dans l’opacité entre gens de bonne compagnie au parlement fédéral. C’est en fait un renversement historique des principes de la sociale-démocratie. Celle-ci s’était construite comme un prolongement de l’action syndicale dans les parlements; aujourd’hui, les syndicats sont priés de valider des compromis qui leur sont soumis sous forme de paquets ficelés.

Vu les forces en présence à Berne, ces accords sont largement défavorables aux travailleuses et travailleurs. PV 2020 voulait relever d’une année le départ à la retraite des femmes. RFFA opère une baisse massive de l’imposition des personnes morales, une absurdité en termes de répartition des richesses produites.

On a constaté que ces combats peuvent être gagnés en votation. Et les résultats du scrutin du week-end passé devraient faire réfléchir. Dans un canton comme Genève, où une politique syndicale claire et offensive est menée, cela débouche sur des résultats politiques positifs: le peuple a refusé l’espionnage des assurés, contrairement au score suisse, et il s’est massivement détourné de l’initiative liberticide de l’UDC.

«Lorsqu’on veut, on peut» n’est pas seulement un slogan volontariste. Il peut aussi servir à la construction d’un rapport de force favorable aux salariés et, partant, être facteur de victoires pour la gauche.

Opinions Suisse Philippe Bach Syndicat

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