Édito

Inquiétant

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Le leader de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, lors d'une conférence à Paris. KEYSTONE
France

Les soupçons d’emplois fictifs portant sur des assistants parlementaires européens de La France insoumise (LFI) déboucheront-ils sur des faits répréhensibles? La justice établira-t-elle des surfacturations dans les comptes de campagne du mouvement à la gauche du Parti socialiste français? L’avenir le dira. Mais à en croire le leader des Insoumis, Jean-Luc Mélenchon, cette offensive n’est qu’un complot de la Macronie, de mèche avec une justice aux ordres et des médias serviles.
De la part d’un dirigeant affirmant que son mouvement n’a rien à se reprocher, on attendrait plus de calme et de sérénité. Pourtant, ce statut de soi-disant victime semble autoriser tous les débordements. Ainsi, celui qui prétendait diriger la France et ses institutions «pète un câble» en tentant de faire entrave à la justice quand celle-ci perquisitionne les sièges de LFI et d’associations amies, ainsi que des domiciles privés. Et quand des médias cherchent des poux à LFI, il brandit l’arme judiciaire (contre Médiapart) et insulte des journalistes de Radio France en invitant ses soutiens à «pourrir» ces «menteurs» et ces «abrutis». Cette violente prise à partie est tout simplement indigne. Cette incitation à la haine irresponsable.
La France insoumise estime que la justice emploie des moyens disproportionnés. La procureure générale auprès de la Cour d’appel de Paris a assuré le contraire. D’autres partis sont dans le viseur de la justice, dont des membres de l’ex-Front national qui sont mis en examen. Pour M. Mélenchon, personne ne devrait être au-dessus des lois… sauf lui?
Le problème avec les formations personnalisées autour d’un personnage charismatique, c’est que quand celui-ci se discrédite, l’impact en est d’autant plus délétère pour le mouvement qu’il incarne. Difficile toutefois de mesurer les conséquences sur les militants de La France insoumise. Le fait d’être attaqué a tendance dans un premier temps à inciter à faire bloc derrière le leader, qui semble miser sur un flop de la justice. Quoi qu’il en soit, les Insoumis seraient inspirés de remettre en question la stratégie autoritaire et de surenchère de leur dirigeant s’ils entendent proposer une alternative positive au pouvoir en place.

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