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Mendicité occasionnelle: une fausse bonne idée?

Mendicité occasionnelle: Une fausse bonne idée?
Comment définir la mendicité "occasionnelle"? Puis, comment l'appliquer? KEYSTONE
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Tout en annonçant lundi que la loi sur l’interdiction de la mendicité entrera en vigueur le 1er novembre sur l’ensemble du canton, le Conseil d’Etat vaudois a ressorti l’idée de ne pas réprimer la demande d’aumône qualifiée «d’occasionnelle». Ceci, afin de ne pas punir une personne qui a «besoin de faire la manche car il lui manque juste une petite somme pour sa vie quotidienne», explique Béatrice Métraux.

Face à la prochaine mise en place de l’initiative de l’UDC acceptée par le Grand Conseil en 2016 et validée par le Tribunal fédéral il y a peu, l’intention du gouvernement de grappiller quelques assouplissements est louable. De très nombreuses personnes traversent des situations difficiles sans forcément avoir sous la main des proches vers lesquels se tourner. Leurs distribuer des amendes alors qu’elles se trouvent précisément dans une période financièrement compliquée ne fera qu’empirer les choses. Criminaliser la misère n’a jamais apporté aucune solution. Précariser les nécessiteux ne les a jamais fait disparaître. L’inefficacité de l’interdiction genevoise de la mendicité le prouve.

Seulement voilà… Comment définir cette notion «occasionnelle»? Puis, comment l’appliquer? Comment, en effet, les policiers pourront-ils concrètement différencier ceux qui tendent la main par «métier» et ceux qui le font pour des «gains accessoires»?

Il ne faut pas se voiler la face. Même en listant toute une série de critères plus ou moins objectifs, dans la pratique, l’application de la loi risque bien de se faire au faciès. La mise en place de telles distinctions a ainsi de fortes chances de transformer le texte en loi d’exception contre les Roms. Et donc de stigmatiser encore plus une population particulièrement précaire et déjà fortement discriminée, tant sur ses terres d’origines qu’ici. Une communauté que visaient justement les auteurs de l’initiative.

Bien entendu, il faut lutter contre la traite d’êtres humains et démanteler d’éventuelles filières d’exploitation. La mendicité n’en est pas moins une problématique beaucoup trop complexe pour être livrée à des solutions simplistes et stigmatisantes. On ne peut ainsi que regretter une fois de plus que le texte de l’UDC n’ait pas été combattu plus vaillamment par l’ensemble de la gauche vaudoise lors de son dépôt, plutôt que de voir aujourd’hui le gouvernement contraint de formuler des propositions d’assouplissements – partant certes d’une bonne volonté –, qui risquent in fine de s’avérer contreproductifs.

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