Édito

Un geste humanitaire mais insuffisant

Un geste humanitaire mais insuffisant
Le navire Aquarius entrant dans le port de Malte, le 15 août dernier. KEYSTONE
Réfugiés

L’Aquarius n’est pas au bout de ses déboires. Dernier navire d’ONG à patrouiller la Méditerranée pour sauver des naufragés, le bateau affrété par MSF et SOS Méditerranée se retrouve une nouvelle fois sans pavillon. C’est le Panama, qui le lui a retiré cette fois. Sous pression de Rome, assurent les humanitaires. Un accord a finalement été trouvé pour répartir entre plusieurs pays européens l’accueil des 58 migrants recueillis par l’embarcation au cours de sa dernière mission. Mais sans nouveau drapeau, l’Aquarius ne pourra pas repartir.

MSF a lancé jeudi un appel aux gouvernements pour obtenir une bannière. Et si la Suisse y répondait positivement? C’est ce qu’ont déjà proposé mercredi des conseillers nationaux. La Vaudoise Ada Marra, le Genevois Guillaume Barazzone et le Soleurois Kurt Fluri ont demandé au Conseil fédéral d’octroyer la croix blanche sur fond rouge au navire. Au nom de la tradition humanitaire helvétique. Quant à la Bernoise Aline Trede, elle compte déposer une motion en ce sens.

Qu’on retrouve une socialiste, un démocrate-chrétien, un libéral-radical et une verte est de bon augure. Il est essentiel que l’Aquarius reparte au plus vite en mer. Afin de continuer de sauver des milliers de vies. Or, la Suisse peut le permettre, avec un simple geste.

Nous devons ainsi encourager le Conseil fédéral à offrir le pavillon suisse à l’Aquarius, et à prendre en charge une partie des migrants récupérés par le navire. Mais il faut aussi relever l’hypocrisie qu’impliquerait cette action si elle n’était pas accompagnée d’un changement de la politique d’asile helvétique. Car en interdisant les demandes dans ses ambassades et en appliquant strictement le règlement Dublin, la Confédération se cache derrière ses voisins. Et porte sa part de responsabilité dans les drames de la Méditerranée.

Ne pouvant plus venir directement, les requérants sont en effet forcés de passer par la mer au péril de leur vie et doivent inévitablement fouler d’abord le sol d’un pays côtier. Vers lequel la Suisse les renvoie s’ils s’aventurent sur son territoire. Notamment vers l’Italie, où les populistes et l’extrême droite se sont hissés au pouvoir en chargeant sur le dos des migrants tous les maux de la péninsule.

Donnons donc le pavillon suisse à l’Aquarius pour éviter des noyades. Mais, surtout, mettons en place des politiques d’accueil honnêtes, ouvertes et humaines. Afin de sauver bien plus de vies encore.

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