Chroniques

Les amis antisémites de Benyamin Netanyahou

Michel Warschawski met en évidence la complaisance de Benyamin Netanyahou à l’égard des dérapages de la droite.
AU PIED DU MUR

L’Etat d’Israël a reçu en grande pompe, début septembre, le président des Philippines, Rodrigo Duterte. L’homme qui se qualifie volontiers de «dictateur» et qui déclarait, après son élection en 2016: «Oubliez les droits de l’homme, ça va saigner.» Une déclaration dont la mise en œuvre immédiate, sous couvert de lutte contre les trafiquants de drogue, a fait des milliers de morts, dont nombre de militant-e-s des droits humains et porte-parole de communautés ethniques minoritaires. En un mot, un sale bonhomme.

Sale bonhomme que Benjamin Netanyahou n’a pas cessé d’encenser au cours de sa visite, dont l’objectif principal était l’achat d’armes et de technologies d’information à des fins de prétendue lutte antiterroriste. Légitimité et bonnes affaires: c’était tout bénéfice pour les deux voyous, dont l’un voit grossir de jour en jour les dossiers judiciaires concernant ses nombreuses affaires de corruption présumée.
Duterte ne dépare pas dans la liste des amis de Benjamin Netanyahou: Morawiecki le Polonais, Orbán le Hongrois, Babiš le Tchèque. Le dénominateur commun entre ces personnages, c’est leur racisme en général et leur islamophobie en particulier. Tout comme Netanyahou, ils ont fait leur l’idéologie nauséabonde du «choc des civilisations» et, comme lui, traduisent cette haine de l’autre dans des lois qui tournent le dos aux valeurs démocratiques.

Quand on évoque le racisme d’Europe centrale, on se heurte inéluctablement à l’antisémitisme, et les amis de Netanyahou – y compris certains proches de Donald Trump – n’y échappent pas. Mais si leur haine des musulmans est assumée dans les discours publics, leur antisémitisme est, quant à lui, larvé. Il s’exprime à travers des glissements de langage ou des allusions – à l’instar des déclarations de Viktor Orbán, en avril dernier, sur le milliardaire hongrois d’origine juive George Soros.

Et que fait notre Netanyahou national, celui qui se revendique de sa judaïcité et dénonce ses opposants de gauche comme «ceux qui ont oublié ce que c’est qu’être juif»? Il ferme les yeux et se bouche les oreilles face à des Orbán qui se réclament des Croix Fléchées – ce parti fasciste qui a collaboré avec les nazis dans l’extermination des juifs de Hongrie – ou des Duterte, déclarant il y a trois ans: «Hitler a massacré 3 millions de juifs. Bon. Il y a 3 millions de drogués. Je serais heureux de les massacrer.»

On connaît l’instrumentalisation de l’accusation d’antisémitisme pratiquée par le gouvernement israélien pour tenter de faire taire les voix critiques d’Israël. Le nouveau leader du Parti travailliste britannique, Jeremy Corbyn – dont l’antiracisme n’est plus à prouver –, vient d’en être la dernière victime. Mais, pour Netanyahou et ses complices, la gauche est toujours antisémite; la droite elle, même quand elle professe ouvertement sa haine des juifs, est tout au plus victime de «dérapages malheureux».

Michel Warschawski est militant anticolonialiste israélien, fondateur du Centre d’information alternative (Jérusalem/Bethléem).

Opinions Chroniques Michel Warschawski Au pied du mur

Chronique liée

AU PIED DU MUR

lundi 8 janvier 2018

Connexion