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Pour un Tribunal pénal international du Commerce

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Un monde échappe à la répression de ses actes qui vont de la violation permanente et croissante de droits humains à la grande délinquance fiscale et financière, sans oublier de véritables crimes contre l’humanité: c’est le monde du commerce. Il ne s’agit bien sûr pas des petits commerçants qui vivent plus ou moins bien au prix d’un travail acharné, ni des esclaves de la grande distribution, qui sont aussi des victimes. D’ailleurs les responsabilités sont dispersées et diluées, les responsables difficiles à cerner.

Il y a d’abord les politiques qui font les lois et, surtout, les absences de lois réprimant les pratiques les plus scandaleuses. Au nom de la «liberté du commerce» et du «secret industriel», on commet une foule d’exactions. Elles vont de l’exploitation cynique et non consentie des données personnelles à la déstabilisation de pays entiers par la distorsion de la concurrence, en passant par la destruction directe ou indirecte des environnements naturels fragiles et nécessaires à un futur raisonnable de l’espèce humaine.

Les lanceurs d’alerte ne manquent pourtant pas, qui dénoncent ici la déforestation délirante pour le pétrole, les biocarburants, la pâte à tartiner, là la stérilisation des océans par la surpêche, la pollution industrielle et les déchets plastiques évitables, ailleurs l’évasion fiscale par une «optimisation» fondée sur l’insuffisance ou les contradictions des lois et la délinquance non réprimée faute de moyens. Mais les lanceurs d’alerte sont souvent solitaires ou en effectifs dérisoires, dotés de moyens sans rapport avec ceux du crime visé et de ses appuis politiques. Les plus pertinents sont accusés de n’importe quel crime, réfugiés dans une ambassade improbable ou poursuivis de dizaines de procès par les bataillons d’avocats des puissances financières. Sans oublier les médias serviles du grand capital qui font volontiers leur procès avant les tribunaux.

Face aux pouvoirs directs de lobbies commerciaux sans scrupules, aux Etats-Unis et en Russie, entre autres, l’Union européenne joue parfois les moralisatrices, ce qui ne manque pas de sel quand son principal dirigeant vient du paradis local de tous les trafics… Quant au petit nervi de la banque Rothschild qui tente une néodictature en France, il fait passer une loi sur le secret commercial visant, entre autres, à empêcher la dénonciation par des employés des illégalités commises par les entreprises… De sorte que la dénonciation en interne de médicaments toxiques ou tératogènes ou bien d’additifs illégaux dans les aliments devient un délit de l’employé concerné! Le cynisme du monde des affaires et de ses obligés politiciens est sans limite…

Cette situation provient des lacunes des législations et des gouvernances nationales, et surtout internationales. Rien ne protège l’agriculture du Ghana, de Malaisie ou de Thaïlande des spéculations de Chicago ou d’ailleurs. Rien ne protège les biens communs que sont les océans, les dernières forêts primaires, leur flore et leur faune ou les ressources précieuses des sous-sols d’une exploitation destructrice irresponsable dont la durabilité est le dernier souci, puisque rien ne l’impose!

Avec l’état d’esprit glorifié des outlaws du Texas ou du Nevada au XIXe siècle, on détruit tous les biens publics accessibles pour de l’argent immédiat, laissant des déserts stérilisés à la place. Mais l’état d’esprit primaire qui a ravagé les forêts européennes au Moyen Age et désertifié deux cordillères sur trois à l’ouest étasunien il y a deux siècles dispose aujourd’hui de nos données pour manipuler nos comportements vers l’accroissement insensé d’un argent fictif qui perdra son sens dans le désastre qu’il nous prépare.

Face à l’impuissance des lanceurs d’alerte, on repense à celle de Servet ou Castellion plaidant pour le droit de penser, la tolérance, la paix ou la liberté de conscience face à la dictature agressive, obscurantiste et tortionnaire de Calvin et de Bèze…

* Chroniqueur énervant.

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lundi 8 janvier 2018

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