Musique

Peter Minten, un visionnaire engagé

Le directeur du Conservatoire populaire de musique, danse et théâtre a été emporté par la maladie à l’âge de 57 ans.
Peter Minten, un visionnaire engagé
Peter Minten a incarné le dynamisme de la plus grande école artistique du canton de Genève. DR
Hommage

«Humaniste», «visionnaire», «aimé de tous». Les louanges sont unanimes et la tristesse est grande parmi les proches et les collaborateurs de Peter Minten. Le directeur du Conservatoire populaire de musique, danse et théâtre (CPMDT) est parti dans la nuit de lundi à mardi, emporté par la maladie à 57 ans.

Accessibilité, décentralisation, ouverture et intégration: depuis 2002, à la tête d’une des institutions phares de l’enseignement artistique à Genève, Peter Minten a poursuivi la mission de l’ex-Ecole sociale de musique fondée en 1932, devenue CPM en 1967. L’Orchestre en classe et le Carnaval de l’improvisation sont quelques unes de ses idées. Il a surtout accompagné une réforme majeure, la création de la Confédération des écoles genevoises de musique (CEGM), qui regroupe les dix institutions subventionnées par l’Etat.

«Il pratiquait la politique de la porte ouverte», confie Delphine Zarb, présidente du conseil de fondation du CPMDT. «J’ai même eu la chance de jouer une fois à ses côtés le quintette de Mozart», se souvient cette violoniste amatrice. Peter Minten était un pédagogue et un musicien accompli. Né à Bonn, en ex-RFA, il effectue sa scolarité à Genève et obtient sa maturité au collège Calvin. Diplômé de solfège et clarinette, il passe sa virtuosité en 1988 auprès du professeur Thomas Friedli.

«Un complice d’une compétence absolue.» André Klopmann

Peter Minten a aussi étudié la biochimie. «Il était féru de sciences, et curieux de tout ce qui touche à la gestion de la cité», se souvient avec émotion Alfonso Gomez, directeur adjoint du CPMDT et élu vert au Conseil municipal. André Klopmann, quant à lui, présidait le conseil de fondation alors que le CPMDT traversait une passe difficile. «Peter Minten l’a remis sur les rails. Ce fut un complice d’une compétence absolue, et il en fallait pour succéder à une pointure comme Roland Vuataz.»

Cycliste invétéré, membre fondateur de l’Ensemble Contrechamps, Peter Minten a incarné le dynamisme de la plus grande école artistique du canton (4000 inscrits). «Son bilinguisme aidant, il a porté la voix de Genève un peu plus loin que la Versoix», résume Delphine Zarb. «Ce n’était pas un technocrate. Il s’intéressait à la formation comme vecteur d’épanouissement humain», ajoute André Klopmann.

«Présence au moment / ouverture à l’inattendu. Confiance, à soi, à l’autre / ne pas juger, faire fructifier.» Ce sont les mots que lui inspirait l’improvisation. En février dernier, affaibli, il était absent du Carnaval. Des enseignants du CPMDT sont allés jouer quelques notes à son domicile.

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