Médias

Réveil politique

Crise de l’ats, crise des médias
(KEYSTONE/Marcel Bieri)
Presse

Enfin! Enfin, la société prend conscience de l’ampleur des difficultés rencontrées par les médias. Ces jours, des mouvements de grève à l’ATS et des actions contre l’initiative No Billag permettent aux journalistes de donner de la voix. Dimanche, à Lausanne, de nombreux politiques soutenaient une manifestation pour la diversité de la presse. Au micro, la présidente du Conseil d’Etat vaudois, Nuria Gorrite, a manifesté la solidarité du gouvernement «préoccupé par la situation de l’ATS et par la presse en général». Appelant «les cantons suisses à se saisir de ce dossier fondamental».

Une prise de position réjouissante alors qu’au mois de juin, ce même collège semblait ne pas prendre conscience de l’urgence. Le ton a heureusement changé et partout fleurissent les soutiens. A Genève, Sandrine Salerno, conseillère administrative socialiste, a lancé un appel pour un soutien public à la branche. Dans le film Le printemps du journalisme, on entend le conseiller d’Etat genevois (PLR) Pierre Maudet affirmer qu’Etat et cantons doivent appuyer financièrement la presse. Quant à son collègue de parti vaudois Olivier Feller, il déposait – en février 2017 – une motion au Conseil national demandant à la Poste de garantir la distribution matinale des journaux. Une excellente piste, malheureusement balayée par le Conseil fédéral, pour soutenir la presse écrite.

Ces appuis politiques sont importants. Combinés à un soutien citoyen – sans lequel des journaux comme Le Courrier ne sauraient survivre –, ils peuvent assurer l’avenir médiatique suisse, essentiel tant que nous vivons en société et que des débats démocratiques alimentent le pays.
L’enjeu est à la hauteur des difficultés et la liste des titres et collègues touchés est funestement longue. Les témoignages recueillis auprès de la Tribune de Genève (lire en page 5) en disent long. Mais tous les journaux tremblent. Et surtout leurs employés. Ceux de Tamedia, mais aussi à La Côte (ESH Médias) qui vient d’annoncer des licenciements. L’Express et L’Impartial se sont fondus en Arcinfo, tandis que chez Ringier, on panse encore les plaies des dernières charrettes et de la disparition de L’Hebdo. Les imprimeries ferment les unes après les autres et le tableau n’est pas plus riant outre-Sarine.

Mais la courageuse grève de la rédaction de l’ATS rappelle que, plutôt que de se laisser abattre, il faut combattre la logique du profit maximal, de faire toujours plus avec moins. Au summum du processus de marchandisation de l’information, charge à nous, médias, société, politiques, de rappeler que celle-ci joue avant tout un rôle démocratique.

Suisse Opinions Médias Laura Drompt Presse

Connexion